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vendredi 3 janvier 2020

Une saison de pêche 2019 très difficile

Comme je l'avais prévu quelques jours avant cette ouverture de la pêche de la truite toutes les mauvaises conditions avaient été réunies pour rendre la pêche aussi difficile que possible. Le samedi fatidique j'arrivai comme d'habitude à sept heures trente à proximité du ruisseau où je compte pêcher mais cette année malgré la distance qui me séparais de lui je l'entendais déjà ce qui est plutôt mauvais signe car quand cela arrive c'est qu'il est en crue.
Etant donné les fortes pluies qui avaient précédé ce jour tant attendu je n'étais pas surpris, je peux même dire que je m'y attendais. 


Pour accéder au ruisseau je traverse une prairie sauvage, toujours en passant au même endroit, et à chaque pas je m'enfonçais jusqu'à la cheville dans le sol tellement celui-ci était imbibé et une fois le ruisseau devant moi je ne pouvais que constater sa teinte brunâtre qui ne présageait rien de bon. D'habitude c'est là que je prépare ma canne et commence à pêcher mais cette fois ce n'est pas ce que j'ai fait. Je n'ai pas préparé ma canne puisque le ruisseau était impêchable. Je remontai donc le ruisseau en espérant qu'à l'approche de sa source l'eau serait plus claire mais ce fût peine perdue; les onze kilomètres étaient uniformément teintés par les limons déplacés par le courant.


Cette ouverture de la saison de la pêche à la truite commençait donc très mal. Les mois de Mars et Avril passèrent sans aucune opportunité de pêche tellement la météo était exécrable. Enfin début Mai le printemps commença à s'installer sur la région et j'en profitai pour consacrer un peu de temps à pêcher les rivières du coin. Les pêcheurs avaient dû être vraiment découragés dès le début car je ne rencontrai personne sur aucune rivière ce qui est plutôt rare car ces petites rivières sont habituellement bien fréquentés par les pêcheurs aux appâts naturels.



Il me fallut attendre jusqu'au début du mois de Mai pour enfin bénéficier de conditions favorables à la pêche de la truite. A partir de la mi-Juin la sécheresse et la canicule commencèrent à se faire sentir et je décidai de raccrocher la canne pour cette saison en espérant que vers la fin de la saison la météo serait saisonnière et que les conditions soient réunies pour profiter au moins des weekends de Septembre pour profiter des rivières. Ce ne fut pas le cas puisque dès le début Septembre la pluie et les orages furent quasiment quotidiens réduisant à néant tout espoir de finir cette très brève saison de pêche en pêchant.





mardi 5 mars 2019

Tenkara 2019, je suis prêt!

Près de six mois ont passé depuis ma dernière sortie de pêche; je n'aurai pas eu cet hiver l'occasion d'aller pêcher le brochet tant la météo a été exécrable. L'hiver tire à sa fin et les premiers soubresauts printaniers ont été interrompus par l'arrivée de perturbations des plus désagréables; pluie, vent et grêle se sont chargés de remettre les rivières en désordre. Je m'attendais cette année comme d'habitude à une ouverture difficile mais là ça risque d'atteindre des sommets.
Il y a quelques jours un ami publiait sur son journal Facebook une magnifique de l'Ubaye enneigée, l'endroit même où nous avions pêché lors du dernier Tenkara Fest et après avoir "liké" la magnifique photo je mettais en commentaire que mon ouverture allait très certainement consister à "promener le matériel". Ce sera à peu près ça. Le matériel va prendre l'air!


Cette année je vais bien sûr rester fidèle au minimalisme en terme d'équipement de pêche qui me convient parfaitement. Tout le matériel à l'exception de la canne et du tamo tiendra impeccablement dans mon tenkara strap pack Zimmerbuilt. Quand un des meilleurs fabricants au monde de sac à dos découvre le tenkara et conçoit des sacs dédiés aux autres pratiquants de cette pêche on obtient ce genre d'article utile, fonctionnel et durable. 



Cette pochette suffit à contenir ma seule boîte à kebari, celle qui fût fabriquée par Richard Setina il y a déjà plusieurs années et qui est à mon avis la boîte parfaite pour un pêcheur au tenkara.
J'ai bien évidemment d'autres boîtes, une Nissin en foam et une autre qui est une boîte à appâts fabriquée par un artisan japonais de mes amis que j'ai en quelque sorte détourné de son usage premier.


Mes kebari seront au nombre de trois dont une sèche. Il y a quelques années j'avais mis au point une mouche sèche minimaliste, la Cheran Dry, et depuis elle a quelque peu évolué. Le corps en fil de montage avait l'inconvénient de rendre nécessaire le graissage pour que la mouche reste flottente et j'ai donc opté pour une combinaison d'un dubbing naturel et d'un dubbing synthétique qui sont tous les deux très hydrophobes et je n'ai donc plus besoin de transporter de graisse pour utiliser cette mouche. La seconde est une Oni kebari; montage de type sakasa kebari, qui est une noyée très utile et très efficace. J'avais pêché toute la saison 2014 avec seulement ce type de montage mais avec le corps en jaune et ça avait été l'occasion d'apprendre et de comprendre bien des choses sur l'utilisation de ce type de mouches. 


La troisième est une simple zenmai-dou identique à celles que j'avais emmené avec moi au Japon et depuis ces années que dure mon expérience du tenkara c'est sûrement la kebari que j'ai le plus utilisé.
J'aurai l'occasion de revenir dans l'avenir sur le sujet des kebari car il est essentiel à une approche valable du tenkara.
Pour le reste du matériel de pêche les classiques coupe-fil à lame céramique Tiemco, cartes à ligne Daiichiseiko et pince à clamper.

En fait ce qui sera le plus volumineux dans mon sac le jour de l'ouverture sera la nourriture, la boisson, le réchaud et mon siège ultra-léger Thermarest Z. 

Nous sommes maintenant à quarante huit heures de l'heure fatidique. Et je suis prêt!

dimanche 11 février 2018

Interview de Adam Trahan

Dans mon expérience du tenkara, j'ai eu la chance de rencontrer certains des enseignants les plus éminents du Japon et aussi une poignée des meilleurs ambassadeurs d'occident. Adam Trahan a fait depuis plusieurs années un excellent travail en étudiant les différents styles de tenkara et il a fait un excellent travail en partageant ses connaissances à travers son forum Tenkara Fisher qui est maintenant devenu un blog.
Je le connais depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux et j'ai toujours apprécié son point de vue sur le tenkara, c'est donc un grand plaisir pour moi aujourd'hui de publier son interview sur mes propres blogs.


Christophe: Bonjour Adam! Beaucoup de gens dans la communauté tenkara te connaissent parce ce que tu as créé le forum Tenkara-Fisher qui était l'un des tout premiers sites occidentaux dédiés au tenkara mais comme dans tout l'univers virtuel d'internet, très peu d'entre nous t'ont rencontré dans la vie réelle. Peux-tu s'il te plaît te présenter aux lecteurs?

Adam: J'ai commencé à pêcher enfant, mon grand-père, qui n'aimait pas pêcher, m'a appris avec une canne au coup. Il savait qu'un jeune garçon devait savoir pêcher. C'est la raison pour laquelle je regarde la pêche avec une vision pragmatique. J'ai pêché toute ma vie en faisant beaucoup d'autres sports passionnants en ayant un parcours intéressant et intense.

En 1995, deux choses sont arrivées qui allait changer le cours de ma vie. J'ai arrêté le vol libre et j'ai commencé à créer un site internet sur la pêche à la mouche. J'ai utilisé mon amour de la pêche dans les petits ruisseaux pour ignorer l'appel du ciel. J'ai plongé dans la création du meilleur site web sur ce type de pêche avec l'aide de nombreux grands pêcheurs. Mon désir d'aider le développement du tenkara vient de ce même désir.




Christophe: J'ai découvert le tenkara à travers les vidéos de Masami Sakakibara diffusées sur Youtube et c'était une sorte de révélation. Je me suis vite rendu compte que le tenkara était exactement la technique de pêche qui était vraiment ce que je recherchais. Comment as-tu découvert le tenkara et quelle a été ta réaction alors?

Adam: Je connaissais le tenkara bien avant la plupart des gens en Amérique mais ce n'est pas alors que j'ai découvert le tenkara. A peu près au même moment où j'ai commencé à écrire mon site web sur la pêche à la mouche des petits cours d'eau, Yoshikazu Fujioka a commencé à faire son site internet. Lui et moi avons commencé notre amitié en ligne alors. Fujioka-san est un pêcheur à la mouche qui pratique aussi le tenkara mais son site a commencé avec la pêche à la mouche de ses petits ruisseaux préférés.

J'ai appris la pêche à la mouche étant enfant d'environ 10 ans, c'était vraiment simple pour moi, pas aussi simple que le tenkara d'aujourd'hui, simple en ce sens qu'on ne m'a pas appris à lancer une ligne. Je n'ai pas reçu d'instruction alors j'ai juste saisi la ligne dans ma main et pêché avec la ligne à peu près aussi longue que la tige. Cette approche pragmatique de la pêche est la façon dont j'ai appris à pêcher à la mouche en tant que jeune garçon.

Quand j'ai arrêté le deltaplane, j'ai appris en tant qu'adulte tous les aspects de la pêche à la mouche, pour vraiment exploiter la performance d'une canne à mouche. J'ai appris l'entomologie, l'histoire de la pêche à la mouche, sur les cannes à mouche en bambou, mais je me suis concentré sur les petits cours d'eau comme le faisait Fujioka-san.

En 2009, j'étais investi dans la fabrication de cannes à mouche en bambou. J'ai appris de certains des meilleurs fabricants modernes à travers un autre site web que j'ai créé, www.grassart.net. Je cherchais une recette pour une longue tige que je pourrais créer pour pêcher comme je l'ai fait quand j'étais un enfant. Tom Smithwick, un fabricant de cannes à mouche en bambou, m'a suggéré de contacter Daniel Galhardo. Il vendait des cannes de tenkara. Alors je l'ai appelé et il m'a proposé la canne Ebisu.

J'ai découvert Masami et Ishigaki-sensei par Daniel mais dans ma propre recherche en ligne, j'ai découvert Kazuya Shimoda. Il est un pêcheur de genryu tenkara et il a produit beaucoup de vidéos sur le tenkara. Alors j'ai commencé à le suivre alors que Daniel introduisait le tenkara à l'extérieur du Japon.
Je connaissais le tenkara, le genryu et le sawanobori il y a 23 ans mais ce n'est que lorsque j'ai eu ma propre canne que j'ai compris la performance d'une canne tenkara à courte portée.

Christophe: Tu as voyagé au Japon pour rencontrer Masami Sakakibara et Yuzo Sebata ainsi que leur propre «tribu tenkara»; penses-tu que ces voyages t'ont influencé dans votre expérience de tenkara? Pensez-vous que les gens dans les pays occidentaux seront un jour capables d'atteindre un tel niveau d'implication dans leur propre communauté de tenkara? Et aussi une compréhension profonde de ce que peut être le tenkara pour certaines personnes telles que Masami Sakakibara, Yuzo Sebata, Hisao Ishigaki et la génération qui les suit. De ma propre expérience, je pense qu'elle n'existera que sur une très petite échelle réunissant seulement les pêcheurs tenkara les plus passionnés qui ne sauteront pas dans le train de la prochaine mode dans le monde de la pêche à la mouche.

Adam: Pour répondre rapidement à ta question mais avec sens, j'apprends plus sur les Japonais et leur culture que tout au long de mon voyage au Japon. Pour moi, le Japon et les pêcheurs au tenkara de là-bas seront toujours une partie de mon tenkara. Avec tout le respect dû à tous mes amis et connaissances, le tenkara est maintenant connu hors du Japon et la même passion peut être trouvée en France, en Italie, en Amérique ou en Afrique du Sud. Il y a aussi bien d'autres pays, des ambassadeurs passionnés. Le tenkara se développe à l'extérieur du Japon avec l'aide de beaucoup de gens autour du globe.


Etudiant le tenkara avec Masami Sakakibara
Christophe:Comme toi je suis aussi un minimaliste et cela ne fait pas que rendre mon tenkara meilleur, cela permet aussi de transporter d'autres matériels tels qu'un réchaud, un appareil photo reflex, une bouteille de bonne bière. Cet équipement est utile pour préparer une pause déjeuner et prendre des photos d'animaux, de champignons, etc. Quel est le matériel en dehors de celui utile à la pêche que tu transportes lors d'une sortie de pêche au tenkara?

Adam: Il y a plusieurs "types" de sorties de pêche tenkara que je fais.

Il est important de se rappeler que le tenkara, pas la méthode de pêche, mais le regard sur pourquoi tenkara est si attrayant, cette approche simple, le minimalisme fonctionne dans de nombreux domaines différents de la vie. Parce que je vis dans une ville, les zones où je pêche sont diverses et les types de voyages que je prends sont également variés. Pour pêcher les étangs locaux pendant l'hiver dans ma ville, je prends seulement mon équipement de pêche.

Lorsque je me rends en voiture sur les rivières de notre état, si je fais une excursion d'une journée, je prends souvent mon équipement de pêche seulement si je ne pêche que moins de deux milles ou moins de cours d'eau. Je pourrais prendre une bouteille en plastique pour l'eau et un couteau.

Pour une excursion d'une journée, je pourrais prendre un sac à dos ou un sac en bandoulière (un Zimmerbuilt) et dans ce cas, je pourrais prendre un poêle, une gamelle de cuisine, une bouteille d'eau recyclée, des ramen, une pochette de matériel de secours et ma bouteille de sake.

Pour un voyage comprenant une nuit en camping, je prendrai ma tente de style pyramide avec son filet, un matelas de nuit efficace, mon duvet, des repas déshydratés, une cuisinière ou un grill léger, une petite scie pliante, un léger "évier" pour nettoyer et éteindre le feu, une micro table, une petite lampe frontale, quelques effets personnels ainsi qu'une veste à duvet.


Lorsque je voyage en avion vers une destination, mon équipement n'est pas le même que mon équipement de camping. Je ne veux pas apparaître comme un campeur dans ma ville de destination. J'utilise des équipements conçus pour de multiples usages. J'utilise un sac à dos qui n'a pas de poches extérieures, il est facile de le fourrer dans un bac à bagages ou sous un siège. Il fait la taille maximum autorisée par les compagnie aériennes, je n'ai ainsi pas à vérifier mes bagages. Donc, mon sac à dos est pratique pour les compagnies aériennes en ce qu'il a des poignées de chaque côté et les bretelles sont confortables et escamotables. Mes pantalons ont une finition hydrofuge durable et ne retiennent pas l'eau ou les odeurs. J'utilise de la laine mérinos, des vêtements performants qui peuvent passer quelques jours sans avoir l'air sales ou froissés. Si je fais du camping, j'utilise une tente, un matelas et un duvet, les mêmes équipements pour manger. Mon équipement de tenkara change une fois que je monte dans un avion, j'utilise des cannes très compactes pour que je puisse les mettre dans mon sac et ne plus y penser jusqu'à ce que je pêche.



Christophe: Dans ton expérience du tenkara, tu as testé beaucoup d'équipement comme certains d'entre nous ont aussi; penses-tu que cela t'a apporté ce que tu cherchais? Quel est aujourd'hui ton matériel de tenkara favori?


Adam: Pendant un certain temps, je me suis donné pour objectif d'apprendre le style des différents experts du tenkara en utilisant leurs cannes et en les utilisant comme ils le font. Les cannes de Masami Sakakibara, Hisao Ishigaki et Yuzo Sebata.
Mes "cannes de travail" sont les Ito de Tenkara USA, et la Sato que j'utilise beaucoup. La Rhodo est une canne pour les petits espaces, c'est une canne très bien pensée. Je les utilise parce que ce sont des cannes créées par un ami et de la compagnie avec laquelle j'ai appris le tenkara. Ce sont aussi les cannes que je suggère aux nouveaux pêcheurs au tenkara.

Parfois, j'utilise ma Sakura Sekirei car elle existe depuis longtemps et c'est ma première canne japonaise et elle est d'excellente qualité. J'aime vraiment cette canne.


Christophe: J'ai lu tes récits de pêche sur ton blog et je n'avais pas imaginé que l'Arizona avait ces belles prairies de montagne et des forêts aussi étendues, à quoi ressemble la pêche Tenkara en Arizona?

Adam:L'Arizona est étiqueté comme un désert. Le Grand Canyon, les westerns spaghetti, les médias associent l'Arizona aux cactus et aux déserts. Le fait est qu'en Arizona, nous avons des montagnes et de la neige! Notre plus haute montagne culmine à  près de 4000 mètres et nous avons plusieurs chaînes de montagnes au-dessus de 2000 mètres et une grande partie de l'état a une altitude supérieure à 1500 mètres  ce qui correspond à l'altitude qui permet l'existence de cours d'eau froide. Nous avons la plus grande forêt de pins ponderosa du pays! Nos forêts sont variées, épinettes bleues, trembles, arbres de toute sortes et nous avons même une rivière mondialement célèbre pour la pêche à la mouche qui a sculpté des canyons à travers la roche solide, Lees Ferry du Marble Canyon, partie du complexe du Grand Canyon du Colorado!

Certains de mes ruisseaux alpins préférés sont dans les prés d'altitude. Ces vallées de haute montagne à fond plat favorisent la formation de minuscules ruisseaux qui serpentent lentement en méandres. Parfois ils changent complètement de cap au cours d'une saison. Ces cours d'eau n'ont que quelques pieds de largeur et très peu de profondeur. De l'herbe haute entoure ces ruisseaux. Ces cours d'eau traversent des zones ouvertes et se réduisent dans la partie de la vallée la plus escarpée, ils descendent dans ces vallées puis s'élargissent à nouveau.

Généralement, ces cours d'eau abritent des truites (saumons de fontaine et fario) qui ont été implantées il y a longtemps. Les instances de la pêche modifient souvent la population de salmonidés d'un cours d'eau pour répondre aux besoins de leurs études. Dernièrement, il y a eu des efforts pour faire croître la population de nos espèces indigènes, les truites Apache et Gila, qui ne sont pas mes préférées. Mon favori étant l'omble de fontaine, la raison étant qu'il refuse de vivre dans des endroits laids.


Oak Creek, l'un de mes favoris est géré comme une pêcherie à la truite arc-en-ciel. C'est un cours d'eau que je pêche depuis environ 50 ans. Il traverse Sedona, pays de roche rouge et je peux y arriver en environ une heure et demie de voiture. S'il fait 46 degrés à Phoenix où je vis, je peux y monter avant que le soleil se lève et profiter d'une température d'environ 10 degrés au fond du canyon, y pêcher des fario sauvages mesurant jusqu'à 50 centimètres et puis rentrer à la maison en début d'après-midi . Je fais cela quelques fois au cours de l'année, c'est l'un de mes ruisseaux préférés et si j'attrape des fario, je vais bien. J'ai aidé beaucoup de gens à passer au niveau supérieur dans leur pêche en leur montrant le côté doux et généreux de Oak Creek.

Il y a 20 ans, j'ai traversé une décennie d'exploration des ruisseaux de haute montagne ce qui a nécessité de longs trajets puis de longues randonnées. Des ruisseaux secrets qui n'étaient pas si secrets pour le snob de la pêche à la mouche que j'étais, sachant que je détenais la clé pour devenir un expert. C'est tellement marrant de pêcher maintenant les étangs de Phoenix en hiver! Parfois ces foutus poissons m'ont vaincu! Je conduis une dizaine de minutes une ou deux fois par semaine et je traque ces truites d'élevage, dont certaines sont très grosses. J'aime pêcher maintenant, plus que jamais et je ne suis pas hostile à aller pêcher avec un bon ami ou enseigner à un nouveau pêcheur.

L'Arizona offre de merveilleuses opportunités de pêche toute l'année. L'eau froide, l'eau chaude, à 3 heures et demies de route vers le Sud nous avons la mer de Cortez, une opportunité de pêche en mer de classe mondiale. Nous avons de la pêche, il suffit de consacrer un peu de temps à la conduite pour le réaliser. Nous avons même une rivière mondialement connue qui sculpte des canyons à travers la roche solide, le Grand Canyon!



Christophe: As-tu l'intention de voyager vers d'autres destinations que le Japon à l'avenir dans ton expérience du tenkara? Je sais que tu es un amateur de vin, surtout de Bourgogne, alors peut-être aimerais-tu découvrir la France pour ses truites et bien sûr la gastronomie? Ou peut-être l'Italie et les gens qui gardent l'héritage du style de pêche valsesiana vivant?

Adam: Oui.

Je suis allé au Japon trois fois jusqu'à maintenant, deux fois pour la pêche, mes fonds sont limités pour voyager et un grand voyage comme celui-ci demande des années de préparation pour moi. J'ai prévu de revenir mais pas comme je l'ai fait dans le passé. Je veux vraiment rendre visite à Yoshikazu Fujioka et Yoshida Takashi et passer par son école en tant que débutant. Il est responsable du fait que beaucoup de gens qui apprennent le tenkara au Japon et sa voix est largement absente ici.
La même chose avec Kazuya Shimoda, j'aimerais vraiment lui rendre visite aussi. J'adore visiter le Japon mais c'est difficile car j'ai des amis partout et je veux avoir l'expérience de visiter un grand cercle d'amis, pas seulement les mêmes encore et encore. En toute déférence, j'aime l'aspect communautaire, j'aime visiter mes amis et pas seulement un groupe . Mon style de tenkara japonais n'est pas limité à un groupe, c'est une communauté, un large éventail de styles m'a influencé, pas seulement un groupe.

J'ai été invité à aller en Afrique du Sud pour parler à un vieux club quand je pêchais de petits ruisseaux avec une canne à mouche. Je m'en veux de ne pas à avoir répondu à cette offre. Je veux aller plus que quiconque en Afrique du Sud . La qualité des cours d'eau y est exceptionnelle, la communauté de la pêche est ancienne, concentrée et passionnée. J'ai des amis là-bas et j'ai aidé à faire démarrer le tenkara dans ce pays. J'irai un jour pour la pêche et le tourisme. Je vais le faire, j'ai raté ma première chance mais je vais le faire.

Je fais attention à ton approche à propos d'une visite en France. C'est ainsi que mes voyages commencent, avec une mention dans une conversation, que l'étincelle se développe dans un feu qui brûle chaud à l'intérieur de moi. Oui, tu sais que j'aime les vins Jadot et oui, je veux visiter la France et ses villages de montagne où beaucoup de rêves dans les sports extrêmes sont réalisés par des athlètes extrêmes. C'est ma cible pour la prochaine aventure. Est ce que tu m'invites?

Christophe: Bien sûr que c'est une invitation! Le tenkara s'est répandu en occident depuis 2009 et maintenant il y a des pêcheurs au tenkara dans des endroits vraiment inattendus comme le Brésil, l'Iran, Israël, le Maroc, l'Afrique du Sud (et beaucoup d'autres) mais le tenkara reste un sujet de controverse dans la galaxie de la pêche à la mouche. Quelle est ton idée du développement de tenkara dans le futur?

Adam: Bonne question Christophe. 

Comme tu le sais, j'aime faire des interviews comme vous. Je les crée tout autant pour moi-même, pour apprendre de mon sujet que pour les gens qui les lisent.
En 2012, j'ai interviewé Masami Sakakibara comme je t'ai interviewé en 2015. Je pose des questions sur des sujets sur lesquels je veux apprendre quelque chose et les partage avec qui veut apprendre avec moi. J'ai demandé à Masami quelle est sa définition du tenkara et il a répondu par ce qui suit:

Masami Tenkarano-oni Sakakibara: Je pense que le tenkara est la pêche dans les beaux torrents de montagne du Japon, pour nos belles truites indigènes qui les habitent. Pourtant, aujourd'hui, le tenkara semble s'étendre aux États-Unis, en Europe et plus encore. Je suis sûr qu'ils ont aussi de belles rivières et ruisseaux, avec de belles truites ou d'autres poissons qui les habitent. Ainsi, une fois que le tenkara a quitté le Japon, ou qu'il entre dans un autre pays et une autre culture, les gens qui prennent une canne tenkara ont le droit et l'obligation de décider ce que Tenkara est pour eux. Ce n'est certainement pas à moi de décider.


Je suis un Américain vivant dans la partie sud-ouest des États-Unis. Bien que je voyage au Japon et que je pratique le tenkara, que j'appelle la pêche à la mouche de style japonais par respect pour les Japonais et leur contribution à la pêche à la mouche, je ne suis pas authentique.

À moins de vivre au Japon et de pêcher dans ses rivières avec une canne, une ligne et une mouche, je le fais à ma façon. C'est ce que j'aime à propos de Tenkara, c'est une forme simple mais efficace de pêche à la mouche. C'est aussi pourquoi je dis que "Tenkara est facile à apprendre, difficile à maîtriser et la pêche à la mouche est difficile à apprendre, facile à maîtriser."

Le tenkara vit en dehors du Japon.

Le consumérisme fait partie de la société japonaise et américaine. Le marketing fait partie de la communauté de pêche tenkara. Pour mon exemple, j'ai appris le tenkara par le biais de Tenkara USA. Cette nouvelle forme de pêche s'intègre parfaitement dans l'évolution de ma pêche. En tant que pêcheur, je m'intéressais déjà à la méthode que Yvon Chouinard a popularisée maintenant, la «pêche à la mouche simple» et j'en ai parlé longtemps avant la commercialisation qu'ont utilisée Yvon et Patagonia pour commercialiser leurs cannes. Cette pêche à la mouche simple était ce que je faisais sur les petits ruisseaux seulement, pas dans l'océan et certainement pas sur les queues de bassins.

Daniel Galhardo est une personne gentille et douce et ses techniques de marketing sont étrangement brillantes. Il vous montre à sa manière ce qu'est le tenkara avec un approche douce et une esthétique qui est ce que je veux dans ma pêche. Il éduque également les pêcheurs sur le tenkara à travers les voix des pêcheurs japonais qui aiment partager leurs méthodes. Le comportement de Daniel dans le partage de tenkara est d'être gentil, courtois et il crée une communauté parfaite pour apprendre le tenkara.
Récemment, j'ai expérimenté la colère à propos du marketing tenkara et si j'étais méchant ou colérique, je l'exposerais ici mais je ne le suis pas. Je sais que j'ai tendance à trop penser et que je suis humain et que je fais souvent des erreurs. Donc, je ne vais pas écrire sur ce que je pense est faux, je vais rester centré sur ce qui est juste.

A moins que vous ne soyez Japonais, en pratiquant le tenkara avec une canne, une ligne et une mouche, en attrapant du poisson et en le vendant, vous ne faites pas de tenkara authentique. D'après ce que j'ai compris des pêcheurs japonais, des journalistes, des amateurs, des livres et des médias, c'est là que le tenkara a été défini. Après, cela est une interprétation, même au Japon. Au Japon, la communauté tenkara est une petite partie de l'ensemble de la pêche à la mouche. Dans la communauté de pêche japonaise, il y a une influence occidentale tout comme il y a une influence japonaise sur le tenkara tel qu'il est pratiqué en dehors du Japon.

Quand une personne prend une canne de tenkara, une ligne et une mouche à l'extérieur du Japon, c'est à elle de décider la façon de la pratiquer, de personne d'autre. C'est un choix. Mon choix est à ma façon, en tant qu'américain, de partager et de soutenir tenkara à la manière que vous lisez ici. C'est votre choix de le faire à votre guise. C'est votre décision d'obtenir des informations, c'est votre décision sur la façon de la pratiquer. Je ne veux en aucun cas placer ma propre "touche" sur le tenkara. C'est pourquoi j'ai arrêté de pêcher à la mouche, je ne voulais pas que le tenkara soit une «pêche à la mouche simple» pour moi, et c'est ce que c'est pour certains et je respecte cela. Pour moi, le tenkara c'est un ruisseau de montagne pour pêcher la truite, je l'utilise également pour les eaux tranquilles pour la truite et dans les villes et les zones désertiques. Je l'utilise pour la truite en saison et le crapet hors saison.
C'est le tenkara que je pratique. D'après ce que je comprends, après avoir voyagé au Japon, interviewé des pêcheurs de tenkara de tout le Japon, pas seulement d'une région, j'en ai une bonne version et j'ai développé ma propre pratique à partir de cette méthode d'auto-enseignement. Je fais la promotion de Tenkara USA comme équipement et éducation pour les personnes que j'enseigne car dès le premier jour, Daniel Galhardo a bien compris. Ses méthodes ont créé une communauté très gentille et douce que je trouve attrayante. Si quelqu'un veut une canne japonaise, je vais l'aider avec une Sakura, l'ancien magasin de pêche et la marque qui a soutenu le tenkara au Japon dès le premier jour. Ils m'ont choisi pour les aider à promouvoir leur métier hors du Japon. Les cannes Sakura sont l'une des plus anciennes marques de tenkara au Japon et je suis fier d'en faire partie en tant qu'ambassadeur de cette marque. J'ai vendu à de nombreuses personnes ayant adopté le tenkara depuis 2010 leur première canne japonaise.
Si quelqu'un veut une autre canne de tenkara japonaise, je suggère qu'ils visitent Keiichi Okushi de Tenkaraya. Il est un pêcheur de longue date  et connaît tout l'équipement et les techniques du Japon. Il s'est approché de moi pour l'aider dans son magasin et cela a été un des points forts de  mon expérience du tenkara. Cela et obtenir ma première tige de Tenkara USA, rencontrer de nombreux enseignants japonais et être invité à pêcher de nombreuses régions montagneuses du Japon.

Donc mon idée du développement du tenkara dans le futur n'a pas changé depuis le premier jour parce que le tenkara au Japon a très peu changé. Mais une fois que le tenkara a quitté le Japon, comme l'a dit Masami, c'est à la personne qui le pratique de le faire à sa guise.

Avec l'aide des ambassadeurs de tenkara comme toi, Isaac Tait et d'autres personnes  que j'ai mentionné précédemment, le tenkara vivra comme une manière douce d'explorer les eaux que nous apprécions. Il y a beaucoup d'autres qui promeuvent le tenkara qui sont gentils et courtois, ils sont trop nombreux pour mettre dans cette interview qui est déjà très longue.

A la pêche avec Nahuji-san, un grand maître de la pêche à la mouche

Christophe
: Merci beaucoup Adam de partager tes points de vue très intéressants sur tout ce qui concerne le tenkara; tu es l'un des ambassadeurs les plus passionnés du tenkara. Je te laisse la liberté de conclure cette interview comme il te plaît.

Adam: Le plaisir est pour moi Christophe. Si tu décides de visiter ma région, tu seras le bienvenu chez moi. Je veux que tu saches que j'ai apprécié ta participation au tenkara dans les médias sociaux et sur internet depuis que vous avez commencé à le faire. Vous êtes une âme aimable, le monde en général a besoin de plus de gens comme toi.

En ce qui concerne le tenkara, il y a quelques bonnes façons d'améliorer votre tenkara et d'avoir du plaisir à le faire. Se rendre à l'une des écoles de l'Oni organisée par John Vetterli serait un bon moyen d'entrer en contact avec Masami Sakakibara, un expert japonais du tenkara. Son instruction va absolument améliorer votre tenkara. Le sommet de Tenkara USA est un grand événement, à la manière des sommets tenkara japonais, avec des experts américains du tenkara. Le sommet de Tenkara USA est un événement super amusant.
Christophe, merci pour votre dévouement et votre gentillesse d'aider les pêcheurs à apprendre et à partager le tenkara, tu es mon ami un des meilleurs pour le faire.


Je vous invite à lire le blog d'Adam qui s'appelle tout simplement Tenkara Fisher car c'est une excellente publication très riche en informations et je pense que vous apprécierez la sincérité et la passion palpables dans les écrits de l'auteur. 















vendredi 23 décembre 2016

Interview d' Adam Klags

Si je ne connais pas Adam Klags en personne nous avons de multiples connaissances communes dans la communauté Japonaise du tenkara et la lecture de son blog m'a permis d'entrer en contact avec lui qui est un vrai passionné du tenkara tel qu'il se pratique au Japon. Si le tenkara se développe de plus en plus en Occident c'est entre autre grâce à des personnes tel Adam Klags qui prend les informations à la source et les transmet à travers son blog. Cela a été aussi ma démarche depuis la création de Tenkara Normandie.
Bonne lecture!

Bonjour Adam! Comment vas-tu? On se connaît par les réseaux sociaux comme beaucoup de gens dans la communauté internationale du tenkara même si nous ne nous sommes jamais rencontrés, peux-tu te présenter aux lecteurs de Tenkara Normandie?

Adam Klags: Bien sûr, Christophe, merci de m'avoir proposé cette interview! Mon nom est Adam, mais beaucoup de gens m'appelle simplement Klags, une abréviation de mon patronyme. Je suis un passionné d'activités outdoor depuis mes premiers souvenirs d'enfance. Actuellement je suis grossiste en vins à New York City pour un importateur fantastique de vins fins. J'aime vraiment le vin mais ma passion sont les activités outdoor. Bien que la plupart des gens m'identifie par rapport à mon métier et ma carrière je préfère m'identifier à travers mes passions comme la pêche, la randonnée et autres. 

Quand j'ai découvert le tenkara grâce aux vidéos et au blog de Masami Sakakibara j'ai d'abord décidé d'essayer cette technique et c'était si génial de découvrir enfin la technique qui soit exactement ce que j'avais attendu si longtemps que j'ai décidé de commencer un blog pour partager mon expérience et aider d'autres pêcheurs à découvrir le tenkara. Tu publies depuis l'automne 2014 le blog "Of rock and riffle", comment as-tu découvert le tenkara? Quel a été ton parcours en tant que pêcheur? As-tu fait d'autres blogs ou sites internet dans le passé? 

Mon parcours en tant que pêcheur se résume principalement à la pêche à la mouche. Bien sûr enfant j'ai commencé à pêcher avec un kit basique de pêche au lancer. Ma première canne était une canne en plastique Fisher Price avec laquelle je prenais des poissons chats et des black bass dans l'étang de notre maison de campagne dans le nord de l'état de New York. Rapidement je suis passé à un ensemble canne/moulinet adaptée aux petits ruisseaux mais c'était peu de temps avant que je commence la pêche à la mouche.
J'ai découvert la pêche à la mouche à 12 ans. Le gars de la boutique locale voulait me faire essayer et j'ai été immédiatement intrigué. Mon père m'a offert un kit de pêche à la mouche pour débutant Redington, un kit de montage très basique Orvis et j'étais accroc!
J'ai passé plusieurs années à explorer le bassin versant de la Croton à New York en vélo pendant l'adolescence et j'ai commencé à emmener ma canne à mouche de plus en plus souvent. Rapidement je me suis arrangé pour me faire offrir une paire de waders et alors j'ai été réellement capable d'embrasser la pêche à la mouche. Mais ce ne fût que lorsque je commençais à prendre en compte le poids de mon sac de randonnée que je découvris le tenkara. Je cherchais sur le site backpackinglight.com des informations sur le matériel et des façons de réduire le poids de mon sac. J'ai eu une blessure au genou qui n'a jamais vraiment été suivie ni réparée et cela m'avait posé des problèmes sur des randonnées longues. Durant une conversation quelqu'un m'a recommandé d'échanger mon matériel de pêche à la mouche lourd contre une canne ultra-légère "Hane". J'ai découvert ensuite que cette canne était le fruit d'une collaboration entre la naissante compagnie Tenkara USA et Backpackinglight.com.
Je suis allé sur le site Tenkara USA et j'ai acheté un kit Iwana immédiatement. A partir de ce jour j'ai commencé à ne pêcher qu'au tenkara pour vraiment apprendre à pêcher alors que je ne l'avais jamais vraiment compris de cette façon auparavant. Le tenkara était devenu pour moi une porte donnant sur un monde de pêche à la mouche réussie. Avant le tenkara je n'avais pas compris pourquoi une ligne flottante ou coulante pouvait faire la différence, pourquoi mon bas de ligne devait avoir une certaine longueur, la puissance d'une canne courte ou longue, où les poissons se tiennent et mangent, et le plus important, comment les attraper! J'ai réalisé qu'au lieu de balancer des spaghetti contre le mur pour voir si ils restent collés je pouvais simplement lancer à des endroits précis et faire dériver ma mouche de plusieurs façons et grâce à cela prendre du poisson!
Depuis lors j'ai essayé beaucoup de types de cannes, appris sur le keiryu pour finalement me concentrer sur le tenkara Japonais, ou le tenkara dans sa véritable définition. Quel voyage amusant ça a été pour arriver là!
Vers 2012 j'ai découvert un blog appelé "Small Stream Reflections" qui était, et l'est d'ailleurs encore, publié par Alan Petrucci du Connecticut. De multiples façons il a été une inspiration pour mon blog. En 2013 j'ai commencé à m'engager avec ce blog et en 2014 j'ai décidé de commencer mon propre blog dédié à la pêche des petits cours d'eaux au tenkara et "Of Rock and riffle" était né. A l'origine je voulais seulement faire un journal électronique pour moi-même, archiver mes photos et mes expériences en ligne plutôt que sur papier. 
Toutefois des gens ont trouvé le blog et ont commencé à le lire donc j'ai continué. C'est amusant d'écrire sur ses propres aventures mais c'est encore mieux de les partager avec d'autres personnes. C'était ma première expérience de blogger et cela m'a semblé naturel dès le premier jour.


Quand la plupart des gens qui ne sont pas Américains pensent à la pêche aux Etats-Unis ils pensent d'emblée au Colorado, à l'Utah ou au Montana mais seulement une infime minorité pensera à New-York; il semble que ce soit une erreur car il y a une forte communauté de pêcheurs au tenkara qui s'est créée dans l'état de New York. Peux-tu nous en dire plus sur la communauté new-yorkaise du tenkara?

Tu soulèves un point très intéressant Christophe! C'est vrai. La plupart des gens pensent à ces grands états de l'Ouest comme le Wyoming, le Montana ou le Colorado. Et pour une bonne raison! Le nombre de poissons au kilomètre de rivière, l'abondance d'eau claire et fraîche, la haute montagne, l'eau de fonte créent une chaîne alimentaire idéale et d'excellentes conditions de vie pour un nombre infini de poissons...et beaucoup de gros poissons aussi! Toutefois New-York est le berceau de la pêche à la mouche sèche. Les montagnes des Catskill, à seulement deux heures de route du centre de New-York City, sont un véritable joyau pour les pêcheurs à la mouche. Bien qu'il n'y aient ni glaciers ni sommets enneigés en permanence il y a beaucoup de sources et d'aquifères transportant de l'eau froide et saine vers la surface créant une abondance de ruisseaux et de cascades où vivent des saumons de fontaine aussi bien que des truites fario et arc en ciel là où les autorités en introduisent. La clé est la présence de saumons de fontaine, qui est l'espèce de salmonidé native de la côte Est, et qui est en danger d'extinction à cause du développement moderne, de la pollution et d'actions inconsidérées de l'homme.
Ces riusseaux, tout comme certaines grandes rivières comme la Beaverkill, les deux branches du Delaware, la Willowemoc, et d'autres ont contribué à booster la communauté avec leurs opportunités de prendre de beaux poissons, de pêcher des zones plus profondes et leur plus grande activité en terme d'éclosions d'insectes. Ces rivières n'ont pas seulement aidé à définir la pêche à la mouche à New-York mais dans le monde. Il y a beaucoup à apprendre sur la région mais on dit dans les Catskill que c'est là que la pêche à la mouche sèche a été inventée. Je ne vais pas utiliser des pages et des pages pour vous raconter toutes ces histoires mais je vous recommande de lire les très nombreux livres publiés sur le sujet. Ce que vous découvrirez est qu'essentiellement la côte Est, et non la côte Ouest, est où la pêche à la mouche a décollé et que c'est à New-York qu'elle est née.
Au-delà des Catskills l'état de New-York a des tonnes de bons coins de pêche qui sont négligés ou surpeuplés. Les monts Adirondack était autrefois mieux peuplés en truites que les Catskills mais cet environnement a été rapidement détruit par la révolution industrielle. Ce n'est pas avant les années 1990 et le "Clean air act" que nous avons finalement été capables d'y ramener du poisson. Aujourd'hui il y a enfin les premiers signes d'un rétablissement. Pendant ce temps les grandes rivières de la région sont empoissonnées et pleines de truites fario surdensitaires de 12 à 21 pouces (ndr: 30 à 53 centimètres), on y trouve aussi des saumons de fontaine sauvages et des arc en ciel.
En plus de cela l'état de New York voit de belles populations de saumons qui remontent dans les rivières du nord-ouest chaque printemps et automne. Ces rivières ne sont pour la plupart pas des rivières adaptées à la pêche au tenkara bien qu'elles comportent des zones qui le soient. La pêche du saumon est extrêmement populaire et les berges sont souvent bien trop fréquentées pour que j'ai envie d'y aller. J'ai essayé quelques fois et c'est vraiment amusant mais ce n'est pas le genre de pêche que j'apprécie le plus.
Fondamentalement vous trouverez à New-York les mêmes richesses que dans les autres états mais des chaînes de montagnes plus courtes, moins d'espaces sauvages, plus de population humaine et moins de poissons. Malgré tout je n'échangerais cela pour rien au monde, il y a quelque chose de spécial à New-York que les autres états n'ont pas. Ou peut-être que c'est juste parce que je suis new-yorkais?!



Merci de dresser ce portrait de New-York en tant que région potentiellement intéressante pour la pêche au tenkara, c'est vraiment plus intéressant que les clichés habituels sur "La Grosse Pomme", la "jungle de béton" et autres du même genre. Ta passion pour le tenkara t'a amené, comme quelques uns d'entre nous, à voyager pour rencontrer diverses communautés de pêcheurs au tenkara. Tu es allé en Italie et au Japon et ma question est celle-ci: Avais-tu jamais imaginé voyager aussi loin pour rencontrer d'autres pêcheurs? Et plus important à mon avis: à quel point est-ce important pour toi de faire ce type d'expérience?

C'est une bonne question...premièrement, non, je n'avais jamais imaginé que je voyagerais pour rencontrer d'autres pêcheurs de par le monde comme je l'ai fait ces dernières années. En fait je n'aimais pas voyager. Je trouvais ça épuisant, cher et gourmand en temps. Le vrai problème est que je n'aimais pas voyager en tenant compte des plannings et projets des autres. Je ne suis pas très bon pour prétendre apprécier ce que je n'aime pas vraiment faire...et pendant des années je n'ai pas voyagé parce que mes premières impressions ne m'aidaient pas vraiment à rendre l'idée de voyager plaisante. Toutefois, plus récemment, j'ai découvert de nouveaux médicaments contre les maux du voyage et j'ai commencé à voyager seul. Faire mes propres choix de destination et de dates a été la clé...ça a changé l'expérience de se sentir traîné d'une attraction touristique à l'autre et de ne jamais faire d'expérience personnelle à être capable de s'immerger dans une expérience de voyage et vraiment l'apprécier. J'ai réalisé que puisque j'aimais pêcher pourquoi irais-je à Paris et faire la tournée des musées alors que les seules choses auxquelles je penserais sont les rivières et les montagnes? Une petite lumière s'est allumée dans mon esprit et j'ai réalisé qu'il fallait seulement que je fasse ce que je fais ici dans d'autres pays. Ensuite j'ai juste commencé à le faire...ce n'est pas difficile.
J'entre en relation avec des gens et dans certains cas je l'ai contacté en ligne et on établit les projets ensemble. J'ai écrit un article détaillé à ce sujet pour le magazine Tenkara Angler et je pense que cet article vaut vraiment le coup d'être lu. Pour résumer...faites le. Vous ne le regretterez pas.
Quant à savoir comment cela a affecté mon expérience du tenkara c'est encore plus difficile à résumer dans une interview mais je dirai que tout est dans la perspective. C'est une chose de s'asseoir face à un ordinateur et lire les commentaires des autres, lire leurs articles, regarder leurs videos et d'essayer de se décider sur les cannes, comment pêcher, quelle mouche utiliser, quelle ligne, etc mais ça ne mène nulle part si vous n'allez pas à la pêche et n'essayez pas vraiment d'apprendre pourquoi ces éléments comptent. Et vous ne pouvez pas faire sans la perspective des autres ni sans d'autres personnes qui vous montrent ce qu'ils font et ce qu'ils ne font pas et pourquoi ils font ou ne font pas certaines choses. Ensuite vous serez assez informés pour vous décider et développer votre propre style, vos montages et votre façon de pêcher si vous en avez envie. La clé est de s'éduquer. Connaître les perspectives des autres, apprendre les bases, s'appliquer à bien faire; tout cela contribue à modifier votre perspective. Une fois comprise la perspective des autres elle vous aidera à développer la vôtre.
Voyager au Japon pour le tenkara a été un sommet de mon expérience parce que ça m'a aidé à une mise en contexte et une meilleure perspective. Discuter de ce qui est "vrai" ou réfléchir à ce qui est "correct" sur internet peut avoir de la valeur mais c'est rarement seulement basé sur la logique et l'expérience personnelle. Il faut vraiment chercher à comprendre l'histoire, la culture et le contexte si vous voulez vraiment comprendre le tenkara. Le tenkara est Japonais, pas Américain. Il y a une définition du tenkara et beaucoup d'histoire et de culture derrière cette pêche. La compréhension est la première étape pour devenir un pêcheur au tenkara bien informé et efficace.

J'ai récemment lu les récits de ton second voyage au Japon pendant lequel tu as rencontré Yuzo Sebata. J'ai eu la chance de le rencontrer et je dois dire que cet homme m'a impressionné; il est une légende dans le monde du tenkara mais aussi de l'escalade, un écrivain récompensé par des prix prestigieux et un célèbre cuisinier de plantes sauvages mais il est l'homme le plus humble que j'ai jamais rencontré. Comment penses-tu que cette rencontre, et celle de sa communauté d'amis, puisse influencer ton expérience du tenkara à l'avenir? Sebata-san a développé sa propre technique en se basant sur le Nikko tenkara mais il a aussi une philosophie du rapport à la nature et du minimalisme; quel aspect est pour toi le plus important?

Comment commencer à répondre à cela...c'est presque difficile. Sebata-san est vraiment un homme intéressant et merveilleux. Je pense que j'ai eu à peine le temps de faire sa connaissance pendant le peu de temps passé ensemble et heureusement je compte lui rendre visite à nouveau et en apprendre plus. C'est un homme gentil qui rassemble les gens par sa générosité et son esprit.
J'ai vraiment apprécié l'écouter parler des plates sauvages qu'il avait cueilli pour nous les servir, tout comme les champignons. J'aime chercher des champignons moi-même et j'apprends encore comment identifier de nombreuses espèces. Sebata-san avait de merveilleux "mily caps" (ndr: lactaires) et d'autres espèces. Il les a fait sauter. Le soir suivant il a  fait un maitake tempura avec des champignons trouvés par Keiichi-san et c'était incroyablement bon. Je vis à New-York, ce n'est pas comme si je n'avais vu ces plats avant. En tant que vendeur de vins j'ai la chance d'aller dans certains des meilleurs restaurants de par le monde mais j'espère que les gens comprennent que c'était un des meilleurs maitake tempura que j'ai jamais goûté. Je suis sûr qu'en partie le lieu et le moment ont joué mais il en est toujours ainsi pour la bonne cuisine.
Un des meilleurs moments pour moi eut lieu tard dans la soirée du dernier jour quand tout le monde était rassemblé à la bansho de Tadami  autour de Sebata-san et regardé des vidéos sur des cassettes VHS. Je regardais les vidéos mais je regardais aussi Sebata-san et c'était une joie de le voir revivre ses aventures avec nous dans cette pièce. Je pense que c'était un moment vraiment spécial.
Sebata-san sait tellement de choses sur la pêche mais je pense que ce qui m'émerveille le plus à propos de lui est sa capacité à s'venturer dans des gorges aussi abruptes et leurs rivières rageuses dans des hautes montagnes avec si peu de matériel. Je ne sais pas si c'est du minimalisme réfléchi ou seulement parce que c'est un phénomène fortuit qui a fait sens dans l'esprit de Sebata-san parce que je n'ai pas eu l'occasion d'en discuter avec lui. J'espère le faire dans le futur. Mais je ne peux pas dire à quel point j'ai été impressionné par la façon dont il se déplaçait et les techniques qu'il utilisait.
A un moment nous l'avons vu sur ce petit écran de télévision traverser à la nage des rapides, y trouvant le courant un tant soi peu plus faible et réussir à traverser avec seulement son chapeau qui dépassait de la surface. A un autre moment on l'a vu attacher un cordage autour d'un rocher et le lancer dans les rapides puis attacher l'autre bout à un autre rocher pour que le poids du premier rocher combiné au courant tende le cordage afin de l'utiliser pour traverser deux cascades. Wow! Et dans toutes les vidéos Sebata-san gravissait des gorges abruptes, qui nous paraîtraient inaccessibles,  avec seulement un sac à dos contenant du riz, l'équipement minimal de pêche, une corde et sa volonté d'explorer.
J'étais aussi émerveillé d'apprendre le genryu fishing qu'il a pour ainsi dire inventé pour lequel les pêcheurs gravissent les montagnes où les rivières prennent source et ensuite redescendent l'autre versant en pêchant pour aller dans la vallée voisine. Le mot "épique" vient à l'esprit quand on regarde ces vidéos car c'est le terme qui convient pour ces expéditions. J'ai hâte que ces vidéos soient disponibles dans le reste du monde dans des formats modernes.
Pourquoi aborder tout cela pour répondre à ta question? Parce que tout cela m'a grandement influencé dans ma compréhension de différents pêcheurs au tenkara, de leurs styles et de leur équipement et cela a influencé ma réflexion sur le développement de mon tenkara à un autre niveau.


La pêche moderne au tenkara met la technique en avant, même plus que le matériel, et les gens que nous appelons les "maîtres du tenkara" tels Sebata-san, Masami Sakakibara, Dr. Hisao Ishigaki et Hiromichi Fuji sont ceux qui ont développé leur propre technique et le matériel qui leur permet de pratiquer au mieux ces techniques. J'aimerais savoir quelle est ta technique de prédilection et ton matériel préféré. Est-ce un but pour toi de pêcher à ta façon?

Le tenkara existe depuis des générations. Récemment j'ai remarqué une tendance quelque dérangeante dans des groupes de discussion Américains et aussi étrangers. J'ai noté que des gens un peu partout commençaient à utiliser le terme "tenkara" pour se référer à toutes les pêches à ligne fixe, pour n'importe quelle espèce de poisson. Bien qu'il n'y ait rien de "mal" à pêcher n'importe quelle espèce de poisson avec une canne tenkara ce n'est absolument pas du "tenkara". Le tenkara est exclusivement la pêche de la truite. La raison pour laquelle j'utilise cette définition et cette distinction est que vous n'apprendrez jamais à pêcher le black bass avec une canne tenkara d'un pêcheur ou maître Japonais. Pourquoi?
Parce qu'il y a déjà d'autres cannes, d'autres techniques, d'autres matériels pour le black bass.
Le tenkara se suffit à lui-même avec sa propre place dans l'histoire. Pour cette seule raison je n'accorde pas de valeur à "mon" tenkara, en tout cas pour l'instant.
Six années peuvent paraître être beaucoup pour certains mais à mon sens ça n'est rien comparé à l'histoire du tenkara. Six années d'étude à temps très partiel des techniques Japonaises ne donnent pas à un pêcheur une vraie connaissance ni une compréhension suffisante du tenkara pour pouvoir l'enseigner à mon humble avis. Donc tant que je n'aurai pas étudié et maîtrisé les techniques de ceux que nous appelons les "maîtres", ces pêcheurs Japonais qui ont pratiqué toute leur vie, je n'accorderai pas de grande valeur à ma propre façon de pêcher. Maintenant que j'ai dit ça je pense qu'il faut aussi dire que j'ai confiance dans ma façon de pêcher, dans ma capacité à trouver les poissons, à leur présenter ma mouche et à détecter les touches mais je ne laisse jamais cette confiance devenir un excès de confiance ou de l'ignorance. J'essaierai toujours de voir le tenkara comme la technique d'un autre que j'ai apprise et je trouverais difficile d'imaginer qu'un pêcheur comme moi ait beaucoup à ajouter aux techniques de tenkara déjà existantes. Peut-être finirai-je par avoir tort à ce sujet mais j'en doute.
Une raison pour laquelle j'insiste est que j'espère que cela serve de leçon aux débutants au tenkara. Passez du temps à connaître l'histoire. Comprenez les différents styles et la culture autour de laquelle le tenkara s'est construit. Respectez sa définition même si vous voulez pêcher d'autres poissons avec une canne tenkara. Respectez les origines du tenkara et les gens qui vous l'ont fait connaître. Respectez vous vous-mêmes en étant ouverts d'esprit et apprenez ces faits avant de faire votre pêche. Si vous faites cela, même si ensuite vous faites autre chose, cela n'en sera que plus valorisant pour vous.
Maintenant je reviens à la partie la plus facile de la question: le matériel! Mes cannes tenkara favorites sont toutes des "full flex" telles que la Oni Type III et la Shimano ZL Keiryu Tenkara. Mes mouches préférées sont de simples noyées à l'ancienne à collerette souple ou rigide...araignées ou kebari en fonction de la façon dont elles sont montées. Mes lignes favorites sont les lignes parallèles étant donné que dans le tenkara Japonais  on ne laisse jamais la ligne en contact avec l'eau. Je porte habituellement une épuisette Mankyu, un sling pack Zimmerbuilt, un couteau et le moins de matériel possible. Pour marcher dans l'eau je ne porte des waders que l'hiver, sinon j'utilise l'équipement typiquement Japonais de "wet wading" puisque je suis sûr de ne pas aller dans l'eau sauf si c'est absolument nécessaire.


Merci pour ces réponses très intéressantes sur ta perspective du tenkara! J'ai remarqué que bon nombre de passionnés de tenkara, ceux qu'on pourrait appeler des "accroc", ont aussi d'autres passions auxquels ils sont totalement dévoués et dans certains cas ont même été des pionniers de disciplines comme le BMX, le skateboard, le deltaplante, etc. As-tu d'autres passions que le tenkara?

Oui, j'aime beaucoup la randonnée, c'est ce qui a amené au tenkara en premier. J'essaie de passer beaucoup de temps dans les Adirondack à New-York et j'aime vraiment les Montagnes Blanches aussi. J'irai à de nouveaux endroits l'an prochain donc vous pouvez vous attendre à me lire plus souvent! Quand je suis à la pêche et en randonnée je cherche aussi des champignons mais je ne sais en identifier que quelques espèces pour l'instant.
J'aime le vélo tout terrain bien que je n'ai pas beaucoup pratiqué beaucoup depuis que je me suis installé en ville il y a six ans. J'espère avoir l'occasion de pratiquer plus à l'avenir parce que j'aime vraiment ça. Je me souviens que je roulais même en hiver, comme je le fais pour la pêche, dans les sentiers noueux de Peekskill et un partout dans l'état. L'été je m'entraînais dans un parc local et j'ai même fait un voyage en Utah pour rouler à Moab, Zion, Salta, Fruita, Parc City, Deer Valley et pas mal d'autres endroits magnifiques. C'était une sacrée expérience et j'espère retourner dans certains de ces endroits.
Je pense pouvoir mentionner aussi que j'aime les thés Chinois. C'est une habitude quasi-quotidienne plus qu'un loisir mais trouver des thés est presqu'un loisir en soi. J'ai un set complet avec un gaiwan, une table à thé et quelques tasses que j'ai ramené de différents endroits du monde. Le thé est un calmant, il est bon pour la santé et sa préparation est méditative et apaisante.
Et puis mon travail dans le vin...je serai hors sujet si je n'en parlais pas. Bien que ce travail a par certains aspects tempéré ma passion pour le vin, ça m'intrigue encore et maintient mon intérêt. J'aime ouvrir quelques bouteilles en bonne compagnie ou boire un bon verre en montant des mouches.

Merci Adam de m'avoir accordé du temps pour cette interview! Je te laisse conclure à ta guise.

C'est bien d'avoir cette opportunité avec toi car je lis ton blog et suis tes aventures depuis un bon moment aussi! Vous savez, ce qui compte pour moi est l'idée de vraiment comprendre le tenkara et ce qui le définit. Je pense que dans toute l'agitation internationale autour de cette nouvelle discipline depuis son introduction on a d'une certaine façon dilué les styles et le sens originaux dans le marketing.
Je me suis concentré à me connecter à ce qui est la définition du tenkara depuis mon premier voyage au Japon il y a deux ans. Le tenkara vient du Japon. Ca ne vient pas des Etats-Unis où la plupart des cannes produites sont plus rigides et ne travaillent pas comme le font les cannes tenkara Japonaises. Les compagnies occidentales n'ont pas de mandrins de cannes tenkara pour les étudier ni pour expérimenter différentes épaisseurs ou tressages de fibre de carbone avant de sortir des cannes qui seront tout de même présentées comme les meilleures du marché. Il me semble que la plupart des compagnies qui font des cannes aujourd'hui en occident ne se basent sur rien de solide en terme de connaissance du tenkara et j'aimerais voir cela changer. On ne peut pas créer quelque chose si on ne sait pas quel est le but final de cet objet, n'est-ce pas? C'est stupéfiant que toutes ces connaissances soient disponibles et que si peu choisissent d'aller vers elles. La majeure partie de ce que les gens pensent qu'ils sont les premiers à faire, qu'ils découvrent par eux-mêmes, a déjà été expérimenté au Japon. Avant que nous, les acteurs actifs dans cette niche qu'est le tenkara, tentions de changer ce sport et sa définition, nous devons d'abord devenir des experts, ou des maîtres si vous préférez, de ces connaissances qui nous sont pré-existantes. Nous devons résister à l'envie d'être ignorants et décider de faire les choses "comme elles nous plaisent". Ce n'est pas la bonne façon de penser. Tenkara est le nom d'un sport qui est une niche à l'intérieur d'une autre. Essayer de définir le tenkara comme "ce que j'ai envie que ce soit" n'est pas seulement incorrect pour le tenkara c'est aussi irrespectueux pour les Japonais qui ont créé ces techniques et détruit les efforts et le temps consacré par les maîtres à créer ce sport.

J'espère vous rencontrer un jour à la pêche aux Etats-Unis! Bye!



lundi 1 septembre 2014

TENKARA CHICK

Il est apparu pas mal de blogs dédiés au tenkara cette année, en Europe et aux Etats-Unis. C'est une bonne chose. Cela prouve que le tenkara s'enracine dans le paysage halieutique, n'en déplaise à certains.   Je n'en connais qu'un qui soit édité par une femme, elle s'appelle Melissa Alcorn et son blog s'intitule TENKARA CHICK.

Le blog a été créé récemment mais il fait déjà preuve d'un bon état d'esprit dans ses écrits et compte tenu des passions de Melissa je pense que ce blog va devenir vraiment intéressant. C'est vraiment une bonne chose de voir que des pêcheuses aiment assez le tenkara pour devenir des membres actifs de cette communauté. Espérons que ce blog en inspire d'autres.




dimanche 8 septembre 2013

RETOUR SUR LA BERENCE

Le coup du matin d'hier qui s'est soldé par une bredouille ne m'a finalement pas fait si mauvaise impression; c'est la fin de la saison et les conditions de pêche se sont sérieusement dégradées au cours des dernières semaines et cette sortie a été l'occasion, pas si fréquente, de rencontrer un vrai passionné de pêche à la mouche.
Mais je n'avais pas envie de passer ce dimanche matin à la maison; je décidai donc de retourner au ruisseau que j'avais pêché à l'ouverture, sûrement le seul endroit dans la vallée un tant soi peu abrité du vent de Nord Ouest qui domine largement depuis plusieurs jours.


J'arrive à neuf heures sur les abords d'un ruisseau quasiment à sec! Je ne m'attendais pas une pêche facile mais je me rends très vite compte  que ça va être extrêmement difficile. Il reste moins de vingt centimètres d'eau et elle est translucide comme rarement! Je peux littéralement compter les graviers sans me baisser!
Au cours des trois heures que j'ai passé sur la Bérence ce matin je n'ai repéré que trois truites; j'ai tenté ma chance sur chacune d'entre elles.


La première était sans doute la plus grosse mais surtout celle qui avait la meilleure vue; à peine dans mon champ de vision elle s'est réfugiée dans les racines d'un aulne. Au printemps elle ne m'aurait pas vu à cause de la teinte du ruisseau en crue mais nous sommes à la fin de l'été. Les règles du jeu ont changé.
La deuxième était moins prudente mais si elle a pris ma mouche au premier passage sans se faire prier elle s'est libérée très vite. Pas grosse, à peine maillée mais très nerveuse. 
Après ce décroché je fais une pause comme je le fais maintenant à chaque fois pour me reconcentrer. Je suis convaincu que pour réussir dans cette technique de pêche, surtout dans des conditions pareilles, il faut être parfaitement concentré et ne pas se laisser distraire par quoique ce soit.  Après un bon quart d'heure, je reprends ma progression et repère la troisième et seule truite capturée ce matin; elle est tranquillement installée derrière deux cailloux où l'eau forme un petit triangle parfaitement oxygénée. Un lancer arbalète légèrement en amont des deux cailloux envoie ma kebari pile en face de la truite. Elle la prend et se fait ferrer sans coup férir.


Ce n'est certes pas une truite comme on en voit dans les magazines mais c'est une truite réelle issue d'un ruisseau pauvre en nourriture où elles n'ont pas grande chance d'atteindre de grandes tailles. En tout cas j'ai mis toute ma patience et mon savoir faire pour la prendre et ça m'apporte bien plus de satisfactions que d'être un pêcheur frustré qui vient de se rendre compte que ses rivières ne peuvent pas produire de truites de plusieurs kilos.
J'ai finalement passé une excellente matinée et j'espère qu'il en est de même pour vous!