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dimanche 11 février 2018

Interview de Adam Trahan

Dans mon expérience du tenkara, j'ai eu la chance de rencontrer certains des enseignants les plus éminents du Japon et aussi une poignée des meilleurs ambassadeurs d'occident. Adam Trahan a fait depuis plusieurs années un excellent travail en étudiant les différents styles de tenkara et il a fait un excellent travail en partageant ses connaissances à travers son forum Tenkara Fisher qui est maintenant devenu un blog.
Je le connais depuis plusieurs années sur les réseaux sociaux et j'ai toujours apprécié son point de vue sur le tenkara, c'est donc un grand plaisir pour moi aujourd'hui de publier son interview sur mes propres blogs.


Christophe: Bonjour Adam! Beaucoup de gens dans la communauté tenkara te connaissent parce ce que tu as créé le forum Tenkara-Fisher qui était l'un des tout premiers sites occidentaux dédiés au tenkara mais comme dans tout l'univers virtuel d'internet, très peu d'entre nous t'ont rencontré dans la vie réelle. Peux-tu s'il te plaît te présenter aux lecteurs?

Adam: J'ai commencé à pêcher enfant, mon grand-père, qui n'aimait pas pêcher, m'a appris avec une canne au coup. Il savait qu'un jeune garçon devait savoir pêcher. C'est la raison pour laquelle je regarde la pêche avec une vision pragmatique. J'ai pêché toute ma vie en faisant beaucoup d'autres sports passionnants en ayant un parcours intéressant et intense.

En 1995, deux choses sont arrivées qui allait changer le cours de ma vie. J'ai arrêté le vol libre et j'ai commencé à créer un site internet sur la pêche à la mouche. J'ai utilisé mon amour de la pêche dans les petits ruisseaux pour ignorer l'appel du ciel. J'ai plongé dans la création du meilleur site web sur ce type de pêche avec l'aide de nombreux grands pêcheurs. Mon désir d'aider le développement du tenkara vient de ce même désir.




Christophe: J'ai découvert le tenkara à travers les vidéos de Masami Sakakibara diffusées sur Youtube et c'était une sorte de révélation. Je me suis vite rendu compte que le tenkara était exactement la technique de pêche qui était vraiment ce que je recherchais. Comment as-tu découvert le tenkara et quelle a été ta réaction alors?

Adam: Je connaissais le tenkara bien avant la plupart des gens en Amérique mais ce n'est pas alors que j'ai découvert le tenkara. A peu près au même moment où j'ai commencé à écrire mon site web sur la pêche à la mouche des petits cours d'eau, Yoshikazu Fujioka a commencé à faire son site internet. Lui et moi avons commencé notre amitié en ligne alors. Fujioka-san est un pêcheur à la mouche qui pratique aussi le tenkara mais son site a commencé avec la pêche à la mouche de ses petits ruisseaux préférés.

J'ai appris la pêche à la mouche étant enfant d'environ 10 ans, c'était vraiment simple pour moi, pas aussi simple que le tenkara d'aujourd'hui, simple en ce sens qu'on ne m'a pas appris à lancer une ligne. Je n'ai pas reçu d'instruction alors j'ai juste saisi la ligne dans ma main et pêché avec la ligne à peu près aussi longue que la tige. Cette approche pragmatique de la pêche est la façon dont j'ai appris à pêcher à la mouche en tant que jeune garçon.

Quand j'ai arrêté le deltaplane, j'ai appris en tant qu'adulte tous les aspects de la pêche à la mouche, pour vraiment exploiter la performance d'une canne à mouche. J'ai appris l'entomologie, l'histoire de la pêche à la mouche, sur les cannes à mouche en bambou, mais je me suis concentré sur les petits cours d'eau comme le faisait Fujioka-san.

En 2009, j'étais investi dans la fabrication de cannes à mouche en bambou. J'ai appris de certains des meilleurs fabricants modernes à travers un autre site web que j'ai créé, www.grassart.net. Je cherchais une recette pour une longue tige que je pourrais créer pour pêcher comme je l'ai fait quand j'étais un enfant. Tom Smithwick, un fabricant de cannes à mouche en bambou, m'a suggéré de contacter Daniel Galhardo. Il vendait des cannes de tenkara. Alors je l'ai appelé et il m'a proposé la canne Ebisu.

J'ai découvert Masami et Ishigaki-sensei par Daniel mais dans ma propre recherche en ligne, j'ai découvert Kazuya Shimoda. Il est un pêcheur de genryu tenkara et il a produit beaucoup de vidéos sur le tenkara. Alors j'ai commencé à le suivre alors que Daniel introduisait le tenkara à l'extérieur du Japon.
Je connaissais le tenkara, le genryu et le sawanobori il y a 23 ans mais ce n'est que lorsque j'ai eu ma propre canne que j'ai compris la performance d'une canne tenkara à courte portée.

Christophe: Tu as voyagé au Japon pour rencontrer Masami Sakakibara et Yuzo Sebata ainsi que leur propre «tribu tenkara»; penses-tu que ces voyages t'ont influencé dans votre expérience de tenkara? Pensez-vous que les gens dans les pays occidentaux seront un jour capables d'atteindre un tel niveau d'implication dans leur propre communauté de tenkara? Et aussi une compréhension profonde de ce que peut être le tenkara pour certaines personnes telles que Masami Sakakibara, Yuzo Sebata, Hisao Ishigaki et la génération qui les suit. De ma propre expérience, je pense qu'elle n'existera que sur une très petite échelle réunissant seulement les pêcheurs tenkara les plus passionnés qui ne sauteront pas dans le train de la prochaine mode dans le monde de la pêche à la mouche.

Adam: Pour répondre rapidement à ta question mais avec sens, j'apprends plus sur les Japonais et leur culture que tout au long de mon voyage au Japon. Pour moi, le Japon et les pêcheurs au tenkara de là-bas seront toujours une partie de mon tenkara. Avec tout le respect dû à tous mes amis et connaissances, le tenkara est maintenant connu hors du Japon et la même passion peut être trouvée en France, en Italie, en Amérique ou en Afrique du Sud. Il y a aussi bien d'autres pays, des ambassadeurs passionnés. Le tenkara se développe à l'extérieur du Japon avec l'aide de beaucoup de gens autour du globe.


Etudiant le tenkara avec Masami Sakakibara
Christophe:Comme toi je suis aussi un minimaliste et cela ne fait pas que rendre mon tenkara meilleur, cela permet aussi de transporter d'autres matériels tels qu'un réchaud, un appareil photo reflex, une bouteille de bonne bière. Cet équipement est utile pour préparer une pause déjeuner et prendre des photos d'animaux, de champignons, etc. Quel est le matériel en dehors de celui utile à la pêche que tu transportes lors d'une sortie de pêche au tenkara?

Adam: Il y a plusieurs "types" de sorties de pêche tenkara que je fais.

Il est important de se rappeler que le tenkara, pas la méthode de pêche, mais le regard sur pourquoi tenkara est si attrayant, cette approche simple, le minimalisme fonctionne dans de nombreux domaines différents de la vie. Parce que je vis dans une ville, les zones où je pêche sont diverses et les types de voyages que je prends sont également variés. Pour pêcher les étangs locaux pendant l'hiver dans ma ville, je prends seulement mon équipement de pêche.

Lorsque je me rends en voiture sur les rivières de notre état, si je fais une excursion d'une journée, je prends souvent mon équipement de pêche seulement si je ne pêche que moins de deux milles ou moins de cours d'eau. Je pourrais prendre une bouteille en plastique pour l'eau et un couteau.

Pour une excursion d'une journée, je pourrais prendre un sac à dos ou un sac en bandoulière (un Zimmerbuilt) et dans ce cas, je pourrais prendre un poêle, une gamelle de cuisine, une bouteille d'eau recyclée, des ramen, une pochette de matériel de secours et ma bouteille de sake.

Pour un voyage comprenant une nuit en camping, je prendrai ma tente de style pyramide avec son filet, un matelas de nuit efficace, mon duvet, des repas déshydratés, une cuisinière ou un grill léger, une petite scie pliante, un léger "évier" pour nettoyer et éteindre le feu, une micro table, une petite lampe frontale, quelques effets personnels ainsi qu'une veste à duvet.


Lorsque je voyage en avion vers une destination, mon équipement n'est pas le même que mon équipement de camping. Je ne veux pas apparaître comme un campeur dans ma ville de destination. J'utilise des équipements conçus pour de multiples usages. J'utilise un sac à dos qui n'a pas de poches extérieures, il est facile de le fourrer dans un bac à bagages ou sous un siège. Il fait la taille maximum autorisée par les compagnie aériennes, je n'ai ainsi pas à vérifier mes bagages. Donc, mon sac à dos est pratique pour les compagnies aériennes en ce qu'il a des poignées de chaque côté et les bretelles sont confortables et escamotables. Mes pantalons ont une finition hydrofuge durable et ne retiennent pas l'eau ou les odeurs. J'utilise de la laine mérinos, des vêtements performants qui peuvent passer quelques jours sans avoir l'air sales ou froissés. Si je fais du camping, j'utilise une tente, un matelas et un duvet, les mêmes équipements pour manger. Mon équipement de tenkara change une fois que je monte dans un avion, j'utilise des cannes très compactes pour que je puisse les mettre dans mon sac et ne plus y penser jusqu'à ce que je pêche.



Christophe: Dans ton expérience du tenkara, tu as testé beaucoup d'équipement comme certains d'entre nous ont aussi; penses-tu que cela t'a apporté ce que tu cherchais? Quel est aujourd'hui ton matériel de tenkara favori?


Adam: Pendant un certain temps, je me suis donné pour objectif d'apprendre le style des différents experts du tenkara en utilisant leurs cannes et en les utilisant comme ils le font. Les cannes de Masami Sakakibara, Hisao Ishigaki et Yuzo Sebata.
Mes "cannes de travail" sont les Ito de Tenkara USA, et la Sato que j'utilise beaucoup. La Rhodo est une canne pour les petits espaces, c'est une canne très bien pensée. Je les utilise parce que ce sont des cannes créées par un ami et de la compagnie avec laquelle j'ai appris le tenkara. Ce sont aussi les cannes que je suggère aux nouveaux pêcheurs au tenkara.

Parfois, j'utilise ma Sakura Sekirei car elle existe depuis longtemps et c'est ma première canne japonaise et elle est d'excellente qualité. J'aime vraiment cette canne.


Christophe: J'ai lu tes récits de pêche sur ton blog et je n'avais pas imaginé que l'Arizona avait ces belles prairies de montagne et des forêts aussi étendues, à quoi ressemble la pêche Tenkara en Arizona?

Adam:L'Arizona est étiqueté comme un désert. Le Grand Canyon, les westerns spaghetti, les médias associent l'Arizona aux cactus et aux déserts. Le fait est qu'en Arizona, nous avons des montagnes et de la neige! Notre plus haute montagne culmine à  près de 4000 mètres et nous avons plusieurs chaînes de montagnes au-dessus de 2000 mètres et une grande partie de l'état a une altitude supérieure à 1500 mètres  ce qui correspond à l'altitude qui permet l'existence de cours d'eau froide. Nous avons la plus grande forêt de pins ponderosa du pays! Nos forêts sont variées, épinettes bleues, trembles, arbres de toute sortes et nous avons même une rivière mondialement célèbre pour la pêche à la mouche qui a sculpté des canyons à travers la roche solide, Lees Ferry du Marble Canyon, partie du complexe du Grand Canyon du Colorado!

Certains de mes ruisseaux alpins préférés sont dans les prés d'altitude. Ces vallées de haute montagne à fond plat favorisent la formation de minuscules ruisseaux qui serpentent lentement en méandres. Parfois ils changent complètement de cap au cours d'une saison. Ces cours d'eau n'ont que quelques pieds de largeur et très peu de profondeur. De l'herbe haute entoure ces ruisseaux. Ces cours d'eau traversent des zones ouvertes et se réduisent dans la partie de la vallée la plus escarpée, ils descendent dans ces vallées puis s'élargissent à nouveau.

Généralement, ces cours d'eau abritent des truites (saumons de fontaine et fario) qui ont été implantées il y a longtemps. Les instances de la pêche modifient souvent la population de salmonidés d'un cours d'eau pour répondre aux besoins de leurs études. Dernièrement, il y a eu des efforts pour faire croître la population de nos espèces indigènes, les truites Apache et Gila, qui ne sont pas mes préférées. Mon favori étant l'omble de fontaine, la raison étant qu'il refuse de vivre dans des endroits laids.


Oak Creek, l'un de mes favoris est géré comme une pêcherie à la truite arc-en-ciel. C'est un cours d'eau que je pêche depuis environ 50 ans. Il traverse Sedona, pays de roche rouge et je peux y arriver en environ une heure et demie de voiture. S'il fait 46 degrés à Phoenix où je vis, je peux y monter avant que le soleil se lève et profiter d'une température d'environ 10 degrés au fond du canyon, y pêcher des fario sauvages mesurant jusqu'à 50 centimètres et puis rentrer à la maison en début d'après-midi . Je fais cela quelques fois au cours de l'année, c'est l'un de mes ruisseaux préférés et si j'attrape des fario, je vais bien. J'ai aidé beaucoup de gens à passer au niveau supérieur dans leur pêche en leur montrant le côté doux et généreux de Oak Creek.

Il y a 20 ans, j'ai traversé une décennie d'exploration des ruisseaux de haute montagne ce qui a nécessité de longs trajets puis de longues randonnées. Des ruisseaux secrets qui n'étaient pas si secrets pour le snob de la pêche à la mouche que j'étais, sachant que je détenais la clé pour devenir un expert. C'est tellement marrant de pêcher maintenant les étangs de Phoenix en hiver! Parfois ces foutus poissons m'ont vaincu! Je conduis une dizaine de minutes une ou deux fois par semaine et je traque ces truites d'élevage, dont certaines sont très grosses. J'aime pêcher maintenant, plus que jamais et je ne suis pas hostile à aller pêcher avec un bon ami ou enseigner à un nouveau pêcheur.

L'Arizona offre de merveilleuses opportunités de pêche toute l'année. L'eau froide, l'eau chaude, à 3 heures et demies de route vers le Sud nous avons la mer de Cortez, une opportunité de pêche en mer de classe mondiale. Nous avons de la pêche, il suffit de consacrer un peu de temps à la conduite pour le réaliser. Nous avons même une rivière mondialement connue qui sculpte des canyons à travers la roche solide, le Grand Canyon!



Christophe: As-tu l'intention de voyager vers d'autres destinations que le Japon à l'avenir dans ton expérience du tenkara? Je sais que tu es un amateur de vin, surtout de Bourgogne, alors peut-être aimerais-tu découvrir la France pour ses truites et bien sûr la gastronomie? Ou peut-être l'Italie et les gens qui gardent l'héritage du style de pêche valsesiana vivant?

Adam: Oui.

Je suis allé au Japon trois fois jusqu'à maintenant, deux fois pour la pêche, mes fonds sont limités pour voyager et un grand voyage comme celui-ci demande des années de préparation pour moi. J'ai prévu de revenir mais pas comme je l'ai fait dans le passé. Je veux vraiment rendre visite à Yoshikazu Fujioka et Yoshida Takashi et passer par son école en tant que débutant. Il est responsable du fait que beaucoup de gens qui apprennent le tenkara au Japon et sa voix est largement absente ici.
La même chose avec Kazuya Shimoda, j'aimerais vraiment lui rendre visite aussi. J'adore visiter le Japon mais c'est difficile car j'ai des amis partout et je veux avoir l'expérience de visiter un grand cercle d'amis, pas seulement les mêmes encore et encore. En toute déférence, j'aime l'aspect communautaire, j'aime visiter mes amis et pas seulement un groupe . Mon style de tenkara japonais n'est pas limité à un groupe, c'est une communauté, un large éventail de styles m'a influencé, pas seulement un groupe.

J'ai été invité à aller en Afrique du Sud pour parler à un vieux club quand je pêchais de petits ruisseaux avec une canne à mouche. Je m'en veux de ne pas à avoir répondu à cette offre. Je veux aller plus que quiconque en Afrique du Sud . La qualité des cours d'eau y est exceptionnelle, la communauté de la pêche est ancienne, concentrée et passionnée. J'ai des amis là-bas et j'ai aidé à faire démarrer le tenkara dans ce pays. J'irai un jour pour la pêche et le tourisme. Je vais le faire, j'ai raté ma première chance mais je vais le faire.

Je fais attention à ton approche à propos d'une visite en France. C'est ainsi que mes voyages commencent, avec une mention dans une conversation, que l'étincelle se développe dans un feu qui brûle chaud à l'intérieur de moi. Oui, tu sais que j'aime les vins Jadot et oui, je veux visiter la France et ses villages de montagne où beaucoup de rêves dans les sports extrêmes sont réalisés par des athlètes extrêmes. C'est ma cible pour la prochaine aventure. Est ce que tu m'invites?

Christophe: Bien sûr que c'est une invitation! Le tenkara s'est répandu en occident depuis 2009 et maintenant il y a des pêcheurs au tenkara dans des endroits vraiment inattendus comme le Brésil, l'Iran, Israël, le Maroc, l'Afrique du Sud (et beaucoup d'autres) mais le tenkara reste un sujet de controverse dans la galaxie de la pêche à la mouche. Quelle est ton idée du développement de tenkara dans le futur?

Adam: Bonne question Christophe. 

Comme tu le sais, j'aime faire des interviews comme vous. Je les crée tout autant pour moi-même, pour apprendre de mon sujet que pour les gens qui les lisent.
En 2012, j'ai interviewé Masami Sakakibara comme je t'ai interviewé en 2015. Je pose des questions sur des sujets sur lesquels je veux apprendre quelque chose et les partage avec qui veut apprendre avec moi. J'ai demandé à Masami quelle est sa définition du tenkara et il a répondu par ce qui suit:

Masami Tenkarano-oni Sakakibara: Je pense que le tenkara est la pêche dans les beaux torrents de montagne du Japon, pour nos belles truites indigènes qui les habitent. Pourtant, aujourd'hui, le tenkara semble s'étendre aux États-Unis, en Europe et plus encore. Je suis sûr qu'ils ont aussi de belles rivières et ruisseaux, avec de belles truites ou d'autres poissons qui les habitent. Ainsi, une fois que le tenkara a quitté le Japon, ou qu'il entre dans un autre pays et une autre culture, les gens qui prennent une canne tenkara ont le droit et l'obligation de décider ce que Tenkara est pour eux. Ce n'est certainement pas à moi de décider.


Je suis un Américain vivant dans la partie sud-ouest des États-Unis. Bien que je voyage au Japon et que je pratique le tenkara, que j'appelle la pêche à la mouche de style japonais par respect pour les Japonais et leur contribution à la pêche à la mouche, je ne suis pas authentique.

À moins de vivre au Japon et de pêcher dans ses rivières avec une canne, une ligne et une mouche, je le fais à ma façon. C'est ce que j'aime à propos de Tenkara, c'est une forme simple mais efficace de pêche à la mouche. C'est aussi pourquoi je dis que "Tenkara est facile à apprendre, difficile à maîtriser et la pêche à la mouche est difficile à apprendre, facile à maîtriser."

Le tenkara vit en dehors du Japon.

Le consumérisme fait partie de la société japonaise et américaine. Le marketing fait partie de la communauté de pêche tenkara. Pour mon exemple, j'ai appris le tenkara par le biais de Tenkara USA. Cette nouvelle forme de pêche s'intègre parfaitement dans l'évolution de ma pêche. En tant que pêcheur, je m'intéressais déjà à la méthode que Yvon Chouinard a popularisée maintenant, la «pêche à la mouche simple» et j'en ai parlé longtemps avant la commercialisation qu'ont utilisée Yvon et Patagonia pour commercialiser leurs cannes. Cette pêche à la mouche simple était ce que je faisais sur les petits ruisseaux seulement, pas dans l'océan et certainement pas sur les queues de bassins.

Daniel Galhardo est une personne gentille et douce et ses techniques de marketing sont étrangement brillantes. Il vous montre à sa manière ce qu'est le tenkara avec un approche douce et une esthétique qui est ce que je veux dans ma pêche. Il éduque également les pêcheurs sur le tenkara à travers les voix des pêcheurs japonais qui aiment partager leurs méthodes. Le comportement de Daniel dans le partage de tenkara est d'être gentil, courtois et il crée une communauté parfaite pour apprendre le tenkara.
Récemment, j'ai expérimenté la colère à propos du marketing tenkara et si j'étais méchant ou colérique, je l'exposerais ici mais je ne le suis pas. Je sais que j'ai tendance à trop penser et que je suis humain et que je fais souvent des erreurs. Donc, je ne vais pas écrire sur ce que je pense est faux, je vais rester centré sur ce qui est juste.

A moins que vous ne soyez Japonais, en pratiquant le tenkara avec une canne, une ligne et une mouche, en attrapant du poisson et en le vendant, vous ne faites pas de tenkara authentique. D'après ce que j'ai compris des pêcheurs japonais, des journalistes, des amateurs, des livres et des médias, c'est là que le tenkara a été défini. Après, cela est une interprétation, même au Japon. Au Japon, la communauté tenkara est une petite partie de l'ensemble de la pêche à la mouche. Dans la communauté de pêche japonaise, il y a une influence occidentale tout comme il y a une influence japonaise sur le tenkara tel qu'il est pratiqué en dehors du Japon.

Quand une personne prend une canne de tenkara, une ligne et une mouche à l'extérieur du Japon, c'est à elle de décider la façon de la pratiquer, de personne d'autre. C'est un choix. Mon choix est à ma façon, en tant qu'américain, de partager et de soutenir tenkara à la manière que vous lisez ici. C'est votre choix de le faire à votre guise. C'est votre décision d'obtenir des informations, c'est votre décision sur la façon de la pratiquer. Je ne veux en aucun cas placer ma propre "touche" sur le tenkara. C'est pourquoi j'ai arrêté de pêcher à la mouche, je ne voulais pas que le tenkara soit une «pêche à la mouche simple» pour moi, et c'est ce que c'est pour certains et je respecte cela. Pour moi, le tenkara c'est un ruisseau de montagne pour pêcher la truite, je l'utilise également pour les eaux tranquilles pour la truite et dans les villes et les zones désertiques. Je l'utilise pour la truite en saison et le crapet hors saison.
C'est le tenkara que je pratique. D'après ce que je comprends, après avoir voyagé au Japon, interviewé des pêcheurs de tenkara de tout le Japon, pas seulement d'une région, j'en ai une bonne version et j'ai développé ma propre pratique à partir de cette méthode d'auto-enseignement. Je fais la promotion de Tenkara USA comme équipement et éducation pour les personnes que j'enseigne car dès le premier jour, Daniel Galhardo a bien compris. Ses méthodes ont créé une communauté très gentille et douce que je trouve attrayante. Si quelqu'un veut une canne japonaise, je vais l'aider avec une Sakura, l'ancien magasin de pêche et la marque qui a soutenu le tenkara au Japon dès le premier jour. Ils m'ont choisi pour les aider à promouvoir leur métier hors du Japon. Les cannes Sakura sont l'une des plus anciennes marques de tenkara au Japon et je suis fier d'en faire partie en tant qu'ambassadeur de cette marque. J'ai vendu à de nombreuses personnes ayant adopté le tenkara depuis 2010 leur première canne japonaise.
Si quelqu'un veut une autre canne de tenkara japonaise, je suggère qu'ils visitent Keiichi Okushi de Tenkaraya. Il est un pêcheur de longue date  et connaît tout l'équipement et les techniques du Japon. Il s'est approché de moi pour l'aider dans son magasin et cela a été un des points forts de  mon expérience du tenkara. Cela et obtenir ma première tige de Tenkara USA, rencontrer de nombreux enseignants japonais et être invité à pêcher de nombreuses régions montagneuses du Japon.

Donc mon idée du développement du tenkara dans le futur n'a pas changé depuis le premier jour parce que le tenkara au Japon a très peu changé. Mais une fois que le tenkara a quitté le Japon, comme l'a dit Masami, c'est à la personne qui le pratique de le faire à sa guise.

Avec l'aide des ambassadeurs de tenkara comme toi, Isaac Tait et d'autres personnes  que j'ai mentionné précédemment, le tenkara vivra comme une manière douce d'explorer les eaux que nous apprécions. Il y a beaucoup d'autres qui promeuvent le tenkara qui sont gentils et courtois, ils sont trop nombreux pour mettre dans cette interview qui est déjà très longue.

A la pêche avec Nahuji-san, un grand maître de la pêche à la mouche

Christophe
: Merci beaucoup Adam de partager tes points de vue très intéressants sur tout ce qui concerne le tenkara; tu es l'un des ambassadeurs les plus passionnés du tenkara. Je te laisse la liberté de conclure cette interview comme il te plaît.

Adam: Le plaisir est pour moi Christophe. Si tu décides de visiter ma région, tu seras le bienvenu chez moi. Je veux que tu saches que j'ai apprécié ta participation au tenkara dans les médias sociaux et sur internet depuis que vous avez commencé à le faire. Vous êtes une âme aimable, le monde en général a besoin de plus de gens comme toi.

En ce qui concerne le tenkara, il y a quelques bonnes façons d'améliorer votre tenkara et d'avoir du plaisir à le faire. Se rendre à l'une des écoles de l'Oni organisée par John Vetterli serait un bon moyen d'entrer en contact avec Masami Sakakibara, un expert japonais du tenkara. Son instruction va absolument améliorer votre tenkara. Le sommet de Tenkara USA est un grand événement, à la manière des sommets tenkara japonais, avec des experts américains du tenkara. Le sommet de Tenkara USA est un événement super amusant.
Christophe, merci pour votre dévouement et votre gentillesse d'aider les pêcheurs à apprendre et à partager le tenkara, tu es mon ami un des meilleurs pour le faire.


Je vous invite à lire le blog d'Adam qui s'appelle tout simplement Tenkara Fisher car c'est une excellente publication très riche en informations et je pense que vous apprécierez la sincérité et la passion palpables dans les écrits de l'auteur. 















mardi 20 juin 2017

Tenkara Fest 2017

Cette année c'est en Isère, plus exactement à Pont-en-Royans, que nous avions rendez-vous pour la troisième édition du Tenkara Fest qui allait donc se dérouler dans le massif du Vercors.


Comme tous les ans j'arrivai le premier et prenais assez rapidement la direction d'une rivière que nous avions prévu de pêcher pendant ces trois jours c'est à dire la Bourne.  




Mais avant de pêcher je prenais le temps de me préparer un excellent déjeuner sur sa berge baignée de soleil et en profitais pour me détendre après les presque dix heures de conduite de la nuit. Il faisait très chaud ce vendredi après-midi, 28° à l'ombre pour être exact, et je ne m'attendais donc pas à ce que les truites soient particulièrement actives. La Bourne est une superbe rivière où on se sent incroyablement bien à chercher les truites même si cet après-midi là les conditions ne se prêtaient guère à la pêche de la truite.  Je consacrais donc un bon moment à observer une autre locataire des lieux. 


Rejoint par Guilhem nous décidions de monter plus en amont sur la rivière. L'ambiance commençait à sentir fortement l'orage mais nous étions confiants et voulions commencer ce weekend consacré à la pêche par de la pêche tout simplement. Malgré l'atmosphère orageuse puis le vent qui s'invita dans la partie notre pêche rencontra le succès. Notre approche simple du tenkara, fidèle au principe de base de cette pêche sportive: une canne, une ligne, une mouche, montra une fois de plus son efficacité même dans des conditions difficiles et dans mon cas sur des rivières dont je ne connaissais que le nom il y a encore quelques heures.



Cette première partie de pêche achevée nous reprenions la route en sens inverse pour rejoindre notre ami Edouard qui venait d'arriver au gîte. Nous passerons une excellente soirée qui fut suivie d'une bonne nuit de sommeil en vue de la journée qui nous attendait le lendemain. Cette seconde journée débuta par notre rendez-vous avec un pêcheur que nous ne connaissions qu'à travers les réseaux sociaux et je dois dire que comme nous nous y attendions nous avons eu le plaisir de faire la connaissance d'un pêcheur des plus sympathique et vraiment passionné par le tenkara. 


Après avoir fait connaissance nous observions la rivière où venaient d'être introduites quelques truites en vue de la "fête de la pêche" puis nous décidions d'aller pêcher sur le plateau. Chemin faisant le ciel s'obscurcît très vite et une fois arrivés à destination nous ne pouvions que constater qu'un orage avait gonflé les ruisseaux environnants et nous décidions alors de redescendre vers les gorges de la Bourne où nous avons trouvé des eaux limpides. 





Nous arrivions en milieu de matinée et même au fond de ces gorges encaissées la température était déjà très élevée. Malgré cela notre matinée de pêche dans ce décor magnifique fût couronnée de succès. Nous observerons de nombreuses mouches de Mai mais il faut bien dire qu'au cours de cette journée elles ne semblaient pas intéresser grand monde car seules des petites kebari noires furent prises par les truites.




Comme l'avait prévu la météo l'après-midi fût ponctué par un orage violent; il était près de 19 heures quand nous nous arrêtions de pêcher. 


Le lendemain la température avait fortement baissée et comme nous le constations lors de notre arrivée sur les berges de la Vernaison l'eau était légèrement teintée à cause des pluies nocturnes. Si le début de la matinée fût assez difficile la pêche devint bonne vers midi à mesure que le ciel se découvrait et que le température remontait. 


Cette fois encore la simplicité fût récompensée et toutes les truites furent prises avec des zenmai -dou. 




Dans l'après-midi je reprenais la route du nord où des orages dantesques m'attendaient et me contraignirent d'ailleurs à annuler les visites que j'avais prévu de faire en Savoie mais j'avais passé un weekend avec des amis passionnés de tenkara et c'est bien là le principal.




















samedi 29 octobre 2016

Discovering Tenkara Vol.3: Japanese Kebari. Practical Fishing Applications

Je vous avais déjà parlé il y a deux ans puis l'année dernière des excellents documentaires réalisés par John Pearson et Paul Gaskell  et c'est le troisième volet de cette saga que je vais  aborder aujourd'hui après l'avoir visionné plusieurs fois depuis sa sortie en Juillet dernier.

Ce documentaire de 90 minutes se compose de treize chapitres consacrés comme l'indique le titre aux applications des kebari utilisées par les protagonistes en présence. 


La première personne interviewée est Shoichi Saito qui pratique encore aujourd'hui le tenkara avec du matériel traditionnel. Il explique dans l'entretien pourquoi il ne pêche qu'avec des montages traditionnels et l'utilisation qu'il en fait. Si le tenkara traditionnel était pratiqué avec un souci d'efficacité et de rendement le tenkara contemporain tel qu'il est pratiqué aujourd'hui au Japon est essentiellement basé sur le plaisir de pêcher avec sa, ou ses, technique(s) favorite(s). Saito-san ne pêche qu'avec une kebari déclinée en deux tailles et trois couleurs. Cela peut paraître être peu mais il explique très bien pourquoi il a fait ce choix et il est des plus rationnels et comme souvent le fruit d'une observation raisonnée. Comme la plupart des pêcheurs au tenkara qui ont une longue expérience Saito-san base sa pêche sur la technique et non sur le matériel et il explique dans l'interview les trois techniques les plus probantes de sa pratique.


Saito-san n'est pas seulement un pêcheur mais aussi un inlassable promoteur du tenkara et du prendre et relâcher. Il enseigne depuis de nombreuses années la pêche et le montage aux enfants de l'école primaire d'Itoshiro.


Le second protagoniste de ce documentaire est un pêcheur que j'ai eu le plaisir de rencontrer lors de mon séjour au Japon Kazuo Kurahashi que tout le monde surnomme Kura-san qui réalise un montage qu'il utilise communément et nous explique sa théorie de ses montages. Là encore il se base sur son observation du comportement alimentaire des salmonidés qu'il pêche en fonction des saisons. Kura-san étant adepte du prendre et relâcher il n'utilise pas de kebari montées sur des hameçons de trop petite taille afin d'éviter de longues manipulation qui sont néfastes pour les poissons.


On retrouve ensuite Go Ishii, qui est l'interprète dans le documentaire, en tant qu'intervenant et il se livre à une séance de montage commentée. Le dialogue entre John et Go est très intéressant et je pense qu'il résume très bien la perspective des pêcheurs Japonais sur le tenkara: "C'est un loisir alors si ça ne vous amuse pas de le pratiquer à quoi bon le pratiquer?"
Ce documentaire compte également une séquence de montage par un excellent pêcheur en la personne de Kazumi "Ajari" Saigo. Il monte deux kebari différentes de par les matériaux utilisés, par leur design et bien sûr leur fonction puisqu'un pêcheur au tenkara ne choisit pas la kebari qu'il noue à son bas de ligne en raison de son apparence mais en fonction de la façon dont il souhaite pêcher. Etant un ancien pêcheur de compétition Kazumi Saigo a été séduit par le tenkara en raison de sa simplicité matérielle et de son efficacité technique.
Le dernier pêcheur intervenant est Tadashi Otani qui réalise un montage assez typique de son approche du montage qui est principalement basé sur la vitesse de plongée souhaitée de sa kebari attendu qu'Otani-san ne pêche que sous la surface. Ses montages sont très originaux et comme il le le dit en souriant: "Je suppose que les poissons n'ont pas toujours envie de manger la même chose."

Entre chacune de ces séquences on retrouve John et Paul qui résument brièvement et brillamment les faits mis à jour par les différents protagonistes. Comme cela avait été le cas avec les deux premiers volumes c'est vraiment un film très agréable à regarder et très riche en informations de première main puisque John et Paul depuis le début ont fait le choix louable d'aller chercher dès la début du projet "Discovering Tenkara" les bonnes informations à la source c'est à dire au Japon. J'attends maintenant le quatrième volet qui je n'en doute pas sera aussi passionnant que le sont les trois premiers.

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vendredi 25 mars 2016

Yamato kebari

Les niveaux sont en baisse sur les rivières où je pêche habituellement, il ne reste plus qu'à faire preuve d'un peu de patience et bientôt nous entrerons de plein pied dans la saison. 
Le printemps semble commencer vraiment en douceur, l'ensoleillement est là mais avec l'énorme brassage des fonds depuis plusieurs semaines il est inutile d'espérer trouver des truites tenaillées par la faim, condition sine qua non pour que la pêche soit "efficace".


Donc pendant ce temps là je me constitue un stock de kebari qui puisse couvrir toute la saison car dès que les conditions vont être réunies je compte bien en profiter au maximum.
J'ai recréé l'année dernière en préparant mon voyage au Japon une ancienne mouche noyée sans nom que les pêcheurs qui m'ont fait découvrir la pêche à la mouche utilisaient avec succès et qu'eux-mêmes tenaient de ceux qui les avaient initié. Je l'avais toujours vu montée avec une collerette en plume de poule mais à quelques jours de mon départ n'ayant plus le temps de me ravitailler en matériaux de montage je changeai la plume de poule par une plume de saddle de coq. 


Si les hameçons de prédilection des mes pairs pour le montage des mouches à truite étaient les hameçons Tortue je les remplaçai par ce que j'avais sous la main c'est à dire des Tiemco 3769SP-BL en taille 12.


J'ai essayé, et je pense y être parvenu, a réinterpréter cette mouche noyée d'antan et à en faire une version moderne. Je n'utilise pas à dessin le terme "inventer" car je pense qu'en matière de montage de mouches les inventions sont rarissimes et je n'ai pas la prétention de me comparer à Skues
Montée sur un hameçon considéré comme étant pour les mouches noyées et les nymphes cette version très légère n'entre pas vraiment dans des catégories aussi restreintes car si on pratique le tenkara tel qu'il a toujours été pratiqué au Japon on peut aisément contrôler la plongée de cette kebari.
Cette kebari qui jusqu'alors n'avait pas de nom est maintenant appelée "Yamato kebari" car lors de mon séjour au Japon c'est avec elle nouée à mon bas de ligne que je capturais plusieurs specimen de cette variété d'ombles.


A bien des égards des yamato iwana m'ont rappelé les truites fario des petites rivières que je pêche, elles ne sont pas très mobiles, préférant attendre que ce soit le courant qui leur amène la nourriture. Elles sont très discrètes et difficilement repérables à vue. Heureusement j'ai eu la chance lors de mes pêches dans les montagnes nippones de bénéficier des conseils de certains des meilleurs connaisseurs de ces poissons magnifiques. 


Celle-ci prise grâce aux conseils de Masami Sakakibara est un excellent souvenir car cette yamato iwana a été prise  très courte distance et sur un poste minuscule.
J'en prendrai également une très belle sur la Sho-gawa avec le concours de mon ami Kazumi Saigo.
 





























Si vous avez envie d'essayer cette kebari sur votre rivière préférée, peut-être que cette vidéo de montage réalisée par mes soins vous sera utile.


mardi 23 février 2016

Japan Kebari: Masami "Tenkara-no Oni" Sakakibara

On a rarement l'occasion de rencontrer les personnes qui nous inspirent ou grâce à qui on se prend de passion pour quelque chose mais j'ai eu le plaisir de passer plusieurs jours avec celui par qui j'ai découvert le tenkara: Masami Sakibara.


Pratiquant le tenkara depuis plus de trente cinq ans maintenant Masami Sakakibara est la parfaite illustration de l'évolution du tenkara pendant cette période tout en restant fidèle au principe de cette pêche: une canne, une ligne, une mouche.
Le tenkara de Masami-san repose sur sa seule technique et l'utilisation d'un nombre réduit de kebari qui ne sont pas sélectionnées sur des critères esthétiques mais dont le design répond à des besoins précis. Je résumerai par cette formule le concept de montage des kebari de Tenkara-no Oni: "Le design répond à une fonction."


La kebari ci-dessus est probablement le modèle le plus connu. Les noms des kebari de Masami-san sont donnés en fonction des matériaux utilisés pour le montage, dans le cas ci-dessus "Oni black pheasant kebari". Ce qui a fait connaître cette kebari parmi les pêcheurs au tenkara occidentaux c'est sa taille car elle est montée sur des hameçons allant jusqu'au 2. Mais cela correspond à la fonction à laquelle Masami-san la destine: le sasoi.


Masami-san utilise pour ce montage du "pellet dubbing" de chez Tiemco, un substitut naturel au dubbing de phoque; une plume de faisan sur un hameçon Gamakatsu S10. 
La kebari ci-dessous est l'interprétation de Masami-san d'une mouche de Mai, un insecte de taille imposante, sa taille est réaliste mais le montage impressionniste. C'est je pense une bonne description du style de Tenkara-no Oni en terme de montage.


Le corps réalisé en yarn de polypropylène est bien adapté à des kebari destinées à avoir une flottaison basse. La collerette donne l'illusion de vie à cette kebari.


Mais si la pêche dans des grandes rivières avec des lignes longues est considérée comme la marque de fabrique de Masami Sakakibara il est aussi un excellent pêcheur de petits cours d'eau comme j'ai eu l'occasion de m'en rendre compte lors de mon séjour avec la Team Oni dans les montagnes.




Pour pêcher des ruisseaux de montagne très peu profonds il faut des montages adaptés, de taille modeste en relation avec les insectes qui y sont observables et assez légers pour qu'ils dérivent de façon naturelle. Masami Sakakibara choisit pour ses kebari de petite paille le Tiemco 2499 SP-BLB, sa hampe courte combinée à une ouverture large et une pointe ultra pointue en font un hameçon permettant des ferrages très efficaces. 


L'expérience de Masami-san montre qu'il est possible de pêcher de façon efficace n'importe où avec des kebari très simples parce qu'il a su développer sa technique en se basant sur une analyse rationnelle de sa pêche et du comportement des poissons. .



Masami-san a développé au fil des années un système de pêche qui n'est pas seulement simple mais aussi efficace. Je dirais même que le style Oni tenkara est devenu aussi efficace parce que son créateur a su le garder simple à travers les décennies. Ayant eu le plaisir de pêcher avec lui j'ai compris pourquoi on l'avait surnommé "Tenkara-no oni", le démon du Tenkara.  Comme il le dit: "Un pêcheur ne doit faire qu'un avec la rivière."


Si vous voulez en savoir plus sur Masami Sakakibara et son tenkara je vous invite à parcourir son excellent blog





dimanche 7 février 2016

Japan Kebari: Kazumi "Ajari" Saigo

Après un peu plus de deux ans de contact sur le web j'ai eu le plaisir de rencontrer en personne un ami qui est aussi passionné que moi par le tenkara: Kazumi "Ajari" Saigo. 
Pendant les heures de route que nous ferons ensemble de Kyoto aux rives de la Shō-gawa nous discutions bien évidemment de pêche et je me rendis que les connaissances et la longue expérience de mon hôte auprès de Masami Sakakibara et Hisao Ishigaki n'avaient en rien entamé sa gentillesse et son plaisir de faire découvrir ses rivières préférées à ses hôtes. 
Kazumi Saigo a derrière lui une longue expérience de pêcheur de compétition au plus haut niveau il n'en est pas moins un homme que la simplicité du tenkara a séduit et qui sait habilement mêler les meilleurs conseils aux traits d'humour. 


Ajari utilise un nombre très réduit de kebari et celles-ci sont très simples. Comme d'autres pêcheurs Japonais il ne donne pas de nom à ses kebari. Au fil des années il a affiné sa technique et ses montages sont aujourd'hui tous de la même taille c'est à dire du 14 qui est celle donnant les meilleurs résultats sur les rivières où il pêche. 


Celle ci-dessus est montée sur un hameçon de taille 14 modèle Tiemco 403 BLJ , appelé communément "hameçon jig" par les monteurs de mouches. L'intérêt de cet hameçon est de donner à la kebari une nage plus naturelle, qui soit plus proche de la nage d'un insecte qui essaie de se diriger vers la surface. Le corps de cette kebari est fait de dubbing "Ice Dub" de la marque Hareline qui est un excellent produit synthétique qui ne se gorge pas d'eau et qui est très solide. Ajari utilise aussi le "Ice Dub" en noir, un substitut intéressant aux herls de paon.


L'intérêt de ce dubbing synthétique n'est évidemment pas d'être plus attractif aux yeux des poissons, et surtout des salmonidés car comme des études scientifiques le démontrent leurs yeux ne sont sensibles aux UV que dans les premières semaines de leur vie, mais d'être plus solide que les herls de paon naturels.


Ce second modèle est lui monté sur un hameçon Tiemco 2487 BL de taille 14. Son corps fait de herls de paon naturels et sa collerette de coq noir en font un modèle extrêmement polyvalent pouvant suggérer aux poissons des centaines d'espèces d'insectes dont se composent leur nourriture. 
Ayant eu la possibilité d'observer Ajari à la pêche il maîtrise très bien la dérive de sa kebari car c'est finalement le paramètre décisif: les poissons ne font pas la différence entre un véritable insecte et une kebari si celle-ci dérive à la bonne vitesse. Plutôt que de multiplier les modèles de kebari, Ajari a adapté sa technique au comportement des poissons. 




























Il ne fait aucun doute que dans l'avenir cet excellent et sympathique pêcheur fasse beaucoup parler de lui. Un pêcheur qui a développé une technique très efficace en restant fidèle au principe de simplicité du tenkara et dont la passion est aussi communicative ne peut que devenir un ambassadeur respecté du tenkara.