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vendredi 31 juillet 2015

Ma rencontre avec un maître ès bambou: Masayuki Yamano

Après avoir quitté Sebata-san et mes compères du genryu je rejoignai la ville de Kawaguchi où m'attendait Masayuki Yamano et sa charmante épouse que je n'avais pas pu rencontrer lors de leur passage à Paris en Janvier dernier. Je voulais profiter de mon séjour au Japon pour rencontrer cet artisan très talentueux qui produit des cannes à pêche qui sont à mon avis de véritables oeuvres d'art.  


Nous passerons une excellente soirée à faire connaissance, abordant aussi bien le tenkara, la cuisine, le vin que les bambous, l'architecture, etc.  Avant de nous quitter nous prenions rendez-vous pour le lendemain matin car Yamano-san était d'accord pour me faire visiter sa boutique ainsi que son atelier. 


Yamano-san commença par me présenter des exemplaires de chaque type de cannes qu'il fabrique; canne pour le tanago, keiryu, hera, et bien sûr lancer à truite, de mer et bien entendu ses magnifiques cannes de tenkara. Je pense que j'avais les yeux écarquillés d'un gamin dans une usine de jouets! 


Je lui posai beaucoup de questions car j'avais vraiment envie d'en apprendre le plus possible au cours de cette visite sur la fabrication des cannes tenkara. Yamano-san eut la gentillesse de me répondre aussi simplement que possible et j'ai donc appris pas mal de choses sur le processus qu'il suit pour fabriquer ses différentes cannes. 

 

Yamano-san pensant que rien ne vaut pour apprendre quelque chose que de voir un artisan au travail rectifia devant moi un bambou.


J'avais déjà vu cette opération en vidéo mais je ne m'étais pas rendu compte de la vitesse à laquelle cette opération est exécutée. Yamano-san me tendit le bambou et je constatai que celui-ci était droit comme i. Mon hôte m'invitait à prendre sa place et tenter de refaire la même opération...


Il me fallut évidemment beaucoup plus de temps pour rectifier un bambou bien plus court mais Yamano-san semblait satisfait du résultat obtenu. Je remercie Yamano-san de m'avoir offert cette opportunité car cela illustre très bien qu'une action qui paraît très simple quand on est spectateur nécessite connaissance et entraînement quand on est acteur. Il doit falloir à mon avis de nombreuses années de pratique pour arriver à la maîtrise qu'a aujourd'hui Yamano-san. D'ailleurs il a fait ce métier toute sa vie puisque c'est son frère aîné qui l'a formé.
Nous passerons ensuite dans l'atelier qui est habituellement fermé au public.


Voyant plusieurs boîtes de vrilles ouvertes je demandai à mon hôte de m'expliquer leur utilisation et plutôt que de m'expliquer la théorie j'eus la chance d'assister directement à la pratique de cette étape qui consiste à enlever de la matière à l'intérieur du bambou pour obtenir un brin suffisamment léger pour pouvoir une section de canne à pêche.


Si le principe de cette opération est simple, son application correcte nécessite quand même de l'entraînement comme j'allais très vite m'en rendre compte...La lame de la vrille est très courte et la machine n'est équipée d'aucun guide ou support. Je remercie Yamano-san de m'avoir fait essayer car c'est le meilleur moyen de se rendre compte du travail qu'il faut accomplir pour travailler le bambou dans les règles.


La dernière étape à laquelle j'assistai est le laquage du bambou que Yamano-san exécute évidemment de façon traditionnelle c'est à dire à l'aide d'une petite brosse de cheveux humains. Cette étape est à mon humble avis une des plus délicate et je regardai admiratif Yamano-san s'exécuter. Il utilise bien sûr l'urushi mais aussi d'autres techniques et matériaux  nobles tels le maki-e ou le raden.


Je ne ferai pas d'essai de cette étape car je ne voulais pas gaspiller ni la matière première et encore moins la laque qui est un produit rare et qui vaut très cher. Je demandai à Yamano-san combien d'années il fallait selon lui pour parvenir à une maîtriser le processus complet, il me répondit qu'il fallait compter dix ans d'apprentissage et d'expérience pour connaître le métier et être en mesure de produire des cannes répondant aux demandes de ses clients.
Je suis vraiment content d'avoir eu cette formidable opportunité de voir un artisan d'un tel niveau me faire découvrir son métier et ses créations.
Ces magnifiques poignées, qui iraient très bien sur une bonne canne tenkara, sont quelques uns des nombreux exemples de la qualité du travail de Yamano-san.


Je finirai cette visite par le grenier à bambou où sèchent pendant cinq à huit ans les trente variétés utilisées pour fabriquer les différentes cannes et poignées. Comme je m'en doutais un peu et comme je le constatai en manipulant un peu différentes cannes un artisan qui sait ce qu'il fait peut en combinant différents types de bois produire des cannes d'action différente. 



Je remercie Yamano-san et madame de m'avoir accueilli dans leur boutique et d'avoir pris le temps de me faire découvrir son travail qui est tout simplement exceptionnel de qualité.
Vous pouvez prendre contact avec Masayuki Yamano via son site internet (saosyosaku.com) et si vous recherchez une vraie canne tenkara en bambou fabriquée par un véritable artisan qui maîtrise le sujet c'est sûrement une des meilleures adresses à connaître.




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